La députée guadeloupéenne Gerty Archimede était l'amour caché du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny

L'un des derniers entretiens accordé par le Président ivroirien Félix Houphouët-Boigny aux journalistes dont Serge Bilé (accroupi, au centre).
Serge Bilé brosse un portrait étonnant d’un géant qu’il a rencontré durant sa carrière de journaliste. "Mes années Houphouët", revisite la vie du premier président ivoirien en explorant notamment son amour pour la députée guadeloupéenne Gerty Archimède.
La Côte d’Ivoire joue un rôle majeur en Afrique de l’Ouest. Déstabilisée par une crise politico-militaire en 2002, le pays est à nouveau sous les feux de l’actualité, avec la libération en janvier dernier de l’ex-président Laurent Gbagbo détenu par la CPI (Cour Pénale Internationale), pendant sept ans, et l'élection présidentielle de 2020 qui s'annonce incertaine en raison des divisions entre les vainqueurs d’hier.
 

Félix Houphouët-Boigny : la référence absolue


On ne peut comprendre la réalité ivoirienne aujourd’hui sans remonter au premier président de ce pays, Félix Houphouët-Boigny. Vingt-six ans après sa disparition, l’homme est omniprésent et reste, à Abidjan, Paris ou New-York, la référence absolue.
C’est en partant de ce constat que l'écrivain-journaliste Serge Bilé a eu l’idée de ce livre, "Mes années Houphouët", qui s’appuie sur des archives et souvenirs personnels. Il a interrogé Houphouët-Boigny, quatre mois avant sa mort, le 7 décembre 1993, réalisant ainsi le dernier entretien accordé de son vivant par le "Vieux", comme on le surnommait.

Ce livre apporte un éclairage particulier et inédit sur le premier Président ivoirien. Il revisite également l’Histoire de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique. L'ouvrage ne s’arrête pas aux frontières de l’Afrique. Il dévoile également les relations que Félix Houphouët-Boigny entretient dans les années 50 avec plusieurs personnalités antillo-guyanaises, plus ou moins en vue.

Houphouët-Boigny tombe amoureux de la guadeloupéenne Gerty Archimède.


En poste en Côte d’Ivoire, les fonctionnaires et écrivains guadeloupéens Guy Tirolien et Albert Béville (plus connu sous le pseudonyme de Paul Niger), adhèrent au RDA, parti panafricain que dirige Houphouët-Boigny, et militent pour l’indépendance des colonies. Même s’ils ont des divergences profondes, Félix Houphouët-Boigny sait pouvoir compter également sur l’indignation poétique et bruyante du martiniquais Aimé Césaire et du guyanais Léon Gontran Damas, lorsque des militants ivoiriens sont emprisonnés ou massacrés par les autorités françaises.
Gerty Archimède et Félix Houphouët-Boigny.
En 1945, Houphouët-Boigny est élu député de la Côte d’Ivoire. Il siège à l’Assemblée constituante à Paris sur les bancs communistes aux côtés d’Aimé Césaire et de l’élue guadeloupéenne Gerty Archimède. "Houphouët-Boigny tombe amoureux de Gerty Archimède et souhaite l’épouser. Mais elle refuse parce qu’elle veut rentrer en Guadeloupe et se battre pour son île et ses compatriotes.

Mais imaginez un seul instant ! Si Gerty Archimède avait accepté cette demande en mariage, elle serait devenue non seulement la femme du député ivoirien mais également la future Première dame de la Côte d’Ivoire à l’avènement de l’indépendance en 1960. Ça aurait certainement changé beaucoup de choses à Abidjan, en termes de lois sociales et de droits des femmes, car c’était une communiste et féministe convaincue"
, explique Serge Bilé.
 

Nelson Mandela se rapproche de la veuve d'Houphouët-Boigny


Autre révélation amoureuse contenue dans ce livre. En 1996, Nelson Mandela (premier Président de l'Afrique du Sud post-ségrégation raciale), tombe sous le charme de Marie-Thérèse Houphouët-Boigny. Mandela est célibataire. Marie-Thérèse est veuve. Il exprime le désir de la voir. Elle accepte et part le retrouver en Afrique du Sud.

La suite est racontée dans "Mes années Houphouët", un ouvrage qui éclaire d'un jour nouveau le long règne du premier président ivoirien, resté pendant trente-trois ans à la tête de son pays.
 "Mes années Houphouët", de Serge Bilé, aux éditions Kofiba.