Les députés confrontés au malaise suscité par la présence des étrangers

Les députés discutent depuis lundi 7 octobre 2019 de la politique migratoire de la France et de l’Europe, à la demande du gouvernement. Un débat hautement sensible.
 
La discussion sur la politique migratoire a tout d’un débat à haut risque. Rien n’indique que cette discussion débouchera sur des décisions pérennes. Le chef de l’État s’est résolu à rouvrir le débat pour ne pas laisser le champ libre à l’extrême droite sur ce terrain.

Depuis trois décennies, elle agite le thème de l’invasion de la France par les étrangers. Pour les élections législatives de 1978, le Front national avait popularisé un slogan : "1 million d’immigrés, c’est 1 million de chômeurs". Il a fait florès. Depuis, la xénophobie s’est banalisée.

Or, durant cette période, l’économie française a montré qu’elle ne peut plus se passer de l’apport des immigrés, à tous les échelons de la hiérarchie des qualifications professionnelles. Il n’empêche, les Français sont inquiets de la présence des étrangers, représentant 9% de la population.

Une récente enquête menée par l’institut Ipsos-Sopra Steria révèle notamment que la mondialisation est perçue comme une menace par la majorité des Français. Peu importe que la France soit l’un des principaux bénéficiaires de la globalisation des échanges économiques et humains. Peu importe qu’elle en soit l’un des fers de lance, en tant 5e puissance économique mondiale.


La population française rejette des évidences sur l’immigration


L’autre conclusion de cette étude, qui n’est pas étrangère à la décision du président : les immigrés ne feraient pas assez d’efforts pour s’intégrer. Peu importe que la théorie de l’assimilation soit inapplicable, nul ne pouvant renoncer à sa culture, ni à son identité. Peu importe que les enfants et petits-enfants des immigrés soient des Français à part entière. Pour tenter de répondre à cette inquiétude, le président demande aux forces politiques de s’exprimer sur un sujet sensible.

En dépit de leurs divergences, elles ne pourront pas empêcher un fait majeur : l’arrivée massive en Europe de l’ouest d’une main d’oeuvre nécessaire pour rendre plus dynamique son économie. Et singulièrement, de travailleurs venant d’Afrique.

Désormais, les plus pauvres estiment avoir le droit d’aller chercher chez les plus riches les moyens de vivre décemment. Il est temps que les Français, quelles que soient leur condition sociale et leurs opinions politiques, comprennent ce besoin légitime. Après un siècle et demi de mise en coupe réglée des richesses humaines et naturelles du continent noir, la roue de l’histoire tourne.