Les arrestations se font dans les différents hôpitaux du pays, plus précisément, les maternités. Des convois d’agents de l'immigration investissent les établissements de santé, à la recherche de femmes haïtiennes sans-papiers.
Ils viennent procéder à leur arrestation pour les reconduire dans la foulée à la frontière qui sépare la République Dominicaine et Haïti.
Le gouvernement dominicain l'avait annoncé. Il va s’attaquer à l’immigration illégale en provenance d’Haïti, avec la mise en place de mesures qualifiées de radicales. Avec entre autres, l’interdiction pour les sans-papiers de se faire soigner dans les hôpitaux publics. Leur leitmotiv est de se protéger de l'insécurité qui pèse actuellement sur Haïti.
Le passage à l’acte ne s’est pas fait attendre, touchant principalement les femmes enceintes haïtiennes.
Depuis le 9 novembre 2021, selon UNICEF, elles sont près de 130 à avoir été reconduites manu militari, à la frontière en dépit de leur état de santé.
Certaines ont pu être prises en charge par l’ONG "Le groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés" qui dénonce les conditions dans lesquelles, des personnes déjà fragilisées par leur état de santé, sont inhumainement traitées.
Ce sont des femmes qui sont choquées, parce qu’elles portent des bébés, parce qu’elles ont été bousculées, elles ont été forcées et arrêtées de force pour être amenées à la frontière
Joseph Mike Lysias , Responsable de communication du Groupe d’appui aux rapatriés
La majorité de ces femmes vivent depuis plusieurs années en République Dominicaine. Leur expulsion est considérée comme allant à l'encontre des droits humains.
À l’image de l'arrestation d’une jeune maman, Nathalie Bolival, Haïtienne sans-papiers arrêtée à l’hôpital alors qu’elle était sur le point d’accoucher.
La jeune femme a commencé son travail dans le bus qui la reconduisait à la frontière. Elle a finalement été emmenée aux urgences où elle a eu son bébé, puis a été placée en détention.
L’ambassade d’Haïti en République Dominicaine a communiqué sur sa libération via les réseaux sociaux.
La République Dominicaine entend donc chasser coûte que coûte, les sans-papiers haïtiens qui viennent dans ses hôpitaux, quitte à aller à l’encontre des droits humains.
Des centaines ont déjà été expulsées, malheureusement ce n’est pas une belle image, nous devrons l’admettre, mais nous sommes en train d’exercer un droit que nous avons en tant que pays souverain. Les étrangers qui sont chez nous sans papiers doivent retourner dans leur pays
Enrique Garcia, Directeur général des immigrations de la République Dominicaine
Des actes que les autorités justifient par un nombre important de naissances d’enfants de sans-papiers haïtiens. Le gouvernement dominicain estime ne plus être en mesure de supporter la charge financière que cela représente. Selon leurs chiffres les accouchements de femmes haïtiennes correspondent à 30% des naissances dans le pays.
Il y a 100 naissances par jour de femmes enceintes haïtiennes
Daniel Rivera, Ministre de la santé de la république dominicaine
Dans un communiqué de presse cité par le journal dominicain Listin Diario, l’ONU appelle la République Dominicaine à suspendre les expulsions de femmes enceintes en soulignant que les conditions des déportations "mettent en danger l’intégrité physique et la vie".