L’agression verbale et le vol de matériel subis par trois journalistes lors d’une manifestation populaire ce 22 mai 2021 au François doit interpeller tous les citoyens sur le sujet sensible de la liberté de la presse, régulièrement remise en cause par des éléments incontrôlés.
La liberté de la presse est un pilier majeur de notre société. Ce qu’ignorent apparemment la poignée de manifestants qui ont agressés verbalement deux reporters de notre rédaction et une consoeur de la radio RCI, au soir de ce 22 mai 2021.
Cet incident n’est pas le premier provoqué par certains éléments incontrôlés de la mouvance appelée abusivement des "Rouge-vert-noir", les trois couleurs du drapeau de certains mouvements nationalistes. Il nous incite à rappeler quelques principes quant à la mission de la presse.
La première observation convoque notre intelligence. L’agression commise au cours d’une cérémonie d’hommage à nos ancêtres esclavisés révèle un paradoxe. Les médias de Martinique n’ont cessé depuis trois décennies de mettre en valeur le noble combat de nos ancêtres qui se sont libérés grâce à leur courage et leur détermination.
La presse a comblé les lacunes de l’école
Les nombreux travaux réalisés par nos historiennes et historiens ont toujours eu la place qu’ils méritent dans les journaux, à la radio, à la télévision et sur les sites numériques. Au point que la presse a longtemps comblé les lacunes du système éducatif dans ce domaine, jusqu’à une période récente.
La deuxième observation appelle notre sens civique. Les journalistes doivent respecter certaines obligations déontologiques, dont le compte-rendu le plus fidèle et neutre des événements. Ils doivent aussi mettre les événements en perspective, afin de leur donner leur juste importance par rapport à d’autres.
La presse est le reflet de la société dont elle montre la complexité, les lignes de force, les difficultés, mais aussi les réussites et les événements positifs. Elle n’est pas monolithique. Aucune institution sociale ne l’est non plus, de la justice à l’école en passant par le système de santé et les assemblées politiques.
Où est la faute ?
La dernière observation est d’ordre juridique. Quand les journalistes commettent des erreurs, ils sont tenus de les corriger. Quand ils commettent des fautes, ils peuvent être poursuivis devant les tribunaux, voire être sanctionnés au sein de l’entreprise qui les emploie.
La question est de savoir quelle faute a été commise qui a motivé cette lâche agression commise par des individus encagoulés incapables d’assumer leurs responsabilités. Cet incident est d’autant plus incompréhensible. Et d’autant plus injustifiable. Il n’empêchera pas, bien entendu, les médias de continuer à rendre compte des cérémonies d’hommage organisés le 22 mai.