Une nuit noire déchirée par des phares des voitures, une scène de plus en plus fréquente à Cuba. L'île connaît des coupures d’électricité allant, durant ce mois de mars, jusqu’à 14 heures par jour.
En plus de l’inflation qui rend la vie impossible, cette situation a déclenché des manifestations notamment dans la deuxième ville du pays, Santiago (500 000 habitants). Des milliers de Cubains excédés ont protesté dans plusieurs localités, malgré la répression qui dans ce contexte peut les mener en prison pour 25 ans.
Les opérations de maintenance dans la principale centrale électrique du pays expliquent la crise actuelle, le mal est bien plus profond. Outre la vétusté du système de production cubain, l'embargo américain aggrave considérablement la pénurie de pétrole. Un combustible nécessaire pour faire tourner les huit vieilles centrales thermiques ainsi que les bateaux générateurs loués à la Turquie. Le gouvernement veut jouer la carte de la transparence.
Le gouvernement, le parti, nos institutions ont toute la volonté pour dialoguer avec notre population, pour expliquer, pour rassembler, pour unir, pour travailler afin de continuer à rechercher, par nos propres efforts et avec nos propres talents, comment nous allons surmonter cette situation.
Miguel Diaz-Canel, Président de Cuba
Le gouvernement reconnaît la colère légitime des Cubains, mais dénonce une instrumentalisation des États-Unis visant à déstabiliser le régime.
Ce qui est extraordinaire dans le cas de Cuba, c'est qu'en plus des conditions économiques normales, En raison du ralentissement économique et de la politique économique, vous disposez d’un facteur extraordinaire qui influence : la nation la plus puissante du monde, qui a pour politique officielle établie de rendre la vie difficile au peuple cubain à des fins politiques.
Carlos Fernandez de Cossio, vice-ministre cubain des Affaires étrangères
Le voisin américain n’en serait pas à sa première. En 2014 déjà, l’agence Associated Press révélait que de jeunes agents latinos-américains étaient envoyés à Cuba avec pour mission de repérer et d’aider des dissidents cubains.
Dans un autre programme, l’ingérence passait aussi par un réseau social. Cette fois-ci, les accusations sont balayées d’un revers de la main par le département d’État américain.
Soyons clairs : les États-Unis ne sont pas derrière les manifestations à Cuba et cette accusation est absurde. (…) Nous exhortons le gouvernement cubain à s’abstenir de toute violence et arrestations injustes, et demandons aux autorités de respecter le droit des citoyens cubains de se réunir pacifiquement.
Vedant Patel, porte-parole adjoint principal du Département d'État
Avec une situation économique qui peine encore à se rétablir de la pandémie et confronté à un embargo renforcé sous l’administration Biden, les Cubains ont bien du mal à garder espoir dans le noir.