Ce samedi matin 5 février 2022, les parkings sont pleins. Une foule vient saluer et conduire à sa dernière demeure Armand Nicolas, l'ancien secrétaire du Parti Communiste Martiniquais et l'ancien professeur d'histoire connu pour son investissement à faire connaître et reconnaître l'histoire martiniquaise.
Plusieurs personnalités sont présentes dont les secrétaires du Parti Communiste Martiniquais et du Parti Communiste Guadeloupéen et des représentants de partis politiques des Antilles.
Dans la salle de la Joyau, (Fort-de-France), la famille est bien sûr au premier rang. Derrière, des amis proches, des politiques, des hommes et des femmes qui ont côtoyé cet érudit posé et calme, militant de l'histoire.
L'historien émérite, professeur et ancien secrétaire général du parti communiste martiniquais (1963-1990) était un homme de conviction et d’engagement.
Après sa scolarité passée au lycée Schoelcher et des études supérieures de Lettres et d'Histoire à l'Université de Paris (Sorbonne), Armand Nicolas revenu au pays, enseigne dans les établissements scolaires.
Par son implication, sa volonté de dire la vérité et de transmettre, Il a largement contribué à éveiller les consciences, à œuvrer pour la connaissance de notre histoire et la promotion culturelle.
Il fut avec aimé Césaire à l’origine de la prise en compte du 22 mai 1848 (abolition de l'esclavage en Martinique).
Cette contribution aux recherches se traduit par la sortie d’un ouvrage de référence en 3 tomes sur l’histoire de la Martinique.
Ancien rédacteur en chef de l’organe du Parti Communiste martiniquais "Justice" Armand Nicolas, était une mémoire vivante, qui a marqué le paysage politique antillais.
Succession d'éloges
Dans l'enceinte de la salle omniculte pleine, le cercueil ouvert sur lequel repose un drapeau marron brodé d'un marteau et d'une faucille.
Le maître de cérémonie annonce les intervenants, Rolande Bosphore historienne ayant travaillé avec Armand, souligne ses qualités intrinsèques et sa dimension.
Fernand Papaya met en avant sa vision, sa dimension et son humanité. Annick Sylvestre (message lu par Dany Emmanuel) salue celui qui a travaillé avec Camille Sylvestre son père.
Edmond Mondésir fait l'éloge de l'historien au nom du Comité national des comités populaires. Georges Ibéné du parti communiste de la Guadeloupe parle de perte commune pour nos deux contrées. Il a mis en exergue son travail sur le 22 mai 1848 et la signature de la convention du Morne-Rouge en 1971.
Georges Erichot, secrétaire actuel du PCM, fait la biographie de son fidèle camarade et parle de son action politique.
La première de ses convictions, que la bataille pour l'émergence de la conscience de notre peuple ne pouvait être gagnée sans la connaissance de sa véritable histoire. Voilà ce qu'écrivait Armand dans le 4e tome de sa brochure sur la révolution esclavagiste. c'est toute une vie consacrée à la cause martiniquaise.
Georges Erichot secrétaire du PCM
Plusieurs messages sont lus comme celui du président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, Serge Letchimy, du MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais, du Parti Communiste Français, de Roland Jean Baptiste Edouard inspecteur honoraire...
Le maître de cérémonie annonce que l'ensemble de ces messages et ceux qui n'ont pas été lus seront publiés dans le prochain numéro du journal "Justice".
Puis l'internationale est entonnée par les membres du Parti Communiste Martiniquais.
Ces éloges sont suivies d'un programme artistique coordonné par Dalila Daniel avec au programme lecture d'un texte de Fodé, de la musique avec notamment Alfred Varasse et Marcé.
Puis "Lakodinasion Lawonn bèlè" avec Daniel Bardury et Georges Dru avec des danses de bèlè et de bélya.
Papa Slam, José Zébina, Neneto, Ryco Loza saluent en musique, la mémoire de ce grand homme.
Poursuite du cérémonial au parc culturel Aimé Césaire
Peu d'hommes politiques ont eu droit à un tel cérémonial. Cela démontre la reconnaissance populaire du travail d'Armand Nicolas.
La symbolique du parc Aimé Césaire est forte. Le déclic de son engagement s'est fait quand Aimé Césaire lui demanda d’écrire un article historique sur la Martinique dans la revue "Tropique".
Il a eu dès 1951, l'occasion de militer au Parti communiste aux côtés d'Aimé Césaire avant la démission de celui-ci en 1958.
Sur la pelouse du Parc, un podium accueillait les artistes et tous ceux venus témoigner leur amitié à Armand Nicolas.
Armand Nicolas a été inhumé au cimetière de la Levée à Fort-de-France.