Dix ans après les consultations sur le statut, le débat sur le pouvoir local demeure actuel

Scène de vote en Martinique.
Les 10 et 24 janvier 2010, les électeurs étaient consultés pour approuver une proposition de nos élus portant sur la modification du statut juridique de la Martinique. L’idée d’une autonomie limitée a été rejetée massivement.
Les Martiniquais ne souhaitent pas de l’autonomie. Pas davantage aujourd’hui qu’il y a dix ans. La consultation du 10 janvier 2010 s’est soldée par l’échec cuisant des partisans de l’évolution de nos institutions. Les indépendantistes, certains autonomistes et quelques personnalités de gauche et de la droite progressiste avaient tenté de modifier le cadre législatif qui nous régit depuis 1946.

Ils envisageaient de répondre à trois impératifs essentiels, mentionnés dans la Déclaration de juillet 2009 du Rassemblement martiniquais pour le changement. Tout d’abord, "renforcer la capacité d’initiative martiniquaise"; puis "favoriser un meilleur développement durable"; enfin, garantir l’exercice de la démocratie interne à une collectivité nouvelle comprenant un exécutif et une assemblée.

La formule a été refusée par 80% des électeurs, avec une participation de 55% seulement. Parmi les raisons de cet échec : une campagne d’explication trop brève, le poids du conservatisme obérant l’innovation, la défiance d’une partie du peuple envers l’élite politique. Le débat n’en est pas resté là. Deux semaines plus tard, le 24 janvier, les électeurs approuvaient massivement le principe de la création d’une collectivité unique par fusion du département et de la région.
 

La création de la CTM, un petit pas en avant


Ces dix dernières années, nous avons ainsi vécu la préparation puis l’avènement de la Collectivité Territoriale de Martinique. Une institution supposée faciliter la gestion du territoire. Mise en place depuis quatre ans, elle n’a pas encore pris son rythme de croisière. La plupart des forces politiques s’en contentent, faute de convaincre les citoyens qu’elle est insuffisante à résoudre les problèmes qui nous assaillent et à préparer l’avenir des générations futures.

Les marges de manœuvre de la CTM sont, en effet, limitées, pour relever les défis du chômage, de la délinquance, de l’exode des jeunes, de la dépopulation, de l’impact des désordres climatiques. Ce qui n’empêche pas nos élus de trouver des solutions pour résoudre nos difficultés, même avec un budget restreint et dans un cadre administratif limité.

En dépit de ces contraintes, la CTM a quelques réussites à son actif. Pour autant, le nécessaire accroissement des pouvoirs des élus martiniquais ne reste-t-il pas à l’ordre du jour ?
Deux consultations aux résultats contraires
La consultation des électeurs sur l’adoption d’un statut dans le cadre de l’article 74 de la Constitution, le 10 janvier 2010, a donné les résultats suivants :
Inscrits : 296 802
Votants : 164 198 (55,3%)
Exprimés : 159 252
« Oui » : 32 954 (20,7%)
« Non » : 126 298 (79,3%).

Deux semaines plus tard, le 24 janvier 2010, une seconde consultation avait pour objet l’adoption de la création d’une collectivité territoriale unique pour remplacer le département et la régional.
Inscrits : 296 971
Votants : 106 262 (35,8%)
Exprimés : 101 256
« Oui » : 69 188 (68,3%)
« Non » : 32 068 31,7%).