Eau potable impropre à la consommation dans le nord : l’association PUMA demande des comptes à la CTM

Deux semaines après l’alerte de l'ARS (l’Agence Régionale de Santé) signalant la contamination par des bromates* de l'eau potable distribuée par l’usine de Vivé (au Lorrain), certains usagers sont toujours soumis à la consommation d’eau en bouteilles.
Dans une lettre ouverte adressée à Francis Carole (conseiller exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, en charge des affaires sociales, de la santé, et de la solidarité), le président de PUMA (Pour Une Martinique Autrement), revient sur l’origine de cette contamination de l’eau potable par des bromates. Ce qui pénalise une partie des usagers alimentés par la station de production d’eau potable de Vivé (la SMDS - Société Martiniquaise de Distribution et de Service).

Selon les premières analyses, "les bromates proviennent d'impuretés présentes dans le désinfectant chloré utilisé pour le traitement de l'eau", précisait un communiqué du vendredi 26 juillet 2019, signé d'Alfred Marie-Jeanne, (président du conseil exécutif de la CTM et donneur d’ordre) et d'Alfred Monthieux, (président de la Communauté d'Agglomération Cap Nord).
 

"La casse de Séguineau aggrave la situation" selon PUMA


Dans son courrier, Florent Grabin explique que :

L’air qui se trouve dans les tuyaux du réseau, oxyde les polluants chimiques, dont les métaux lourds présents à l’interface de ces tuyaux, gênèrent des Bromates et d’autres réactions chimiques qui sont cancérigènes.

Ce dernier rappelle au passage la grosse casse survenue en 2009 sur la principale canalisation de Martinique (au quartier Séguineau, au Lorrain), dont la réparation n’a toujours pas abouti, ce qui aggrave la situation de ce réseau souligne l’écologiste.

L’association PUMA évoque "un scandale"


Florent Grabin parle de scandale à propos des différentes pathologies lourdes générées à terme par l’eau du robinet (…) et interroge Francis Carole : "Comment comprendre que ce prestataire (la SMDS) a utilisé un désinfectant, dont il dit lui-même, être dégradé" ?

De son côté, le gestionnaire table sur un retour à la normale d’ici deux à trois semaines. Un nouveau stock d’eau de javel devrait être livré ce lundi (12 août 2019) pour désinfecter l’eau en sortie d’usine, laquelle est puisée à la rivière Capot.

Les dernières analyses font toujours état d’un niveau de bromates au-dessus du seuil : 12 microgrammes au lieu des 10 autorisés, précisait sur radio Martinique 1ere cette semaine, Christophe Pinardaud, le directeur général de la SMDS.
L'usine de traitement de l'eau potable de Vivé au Lorrain.
"Les prélèvements sont en tout cas quotidiens pour suivre l’évolution de la situation" affirme le fermier qui approvisionne en packs d’eau les mairies concernées depuis le 26 juillet 2019.

Cette eau embouteillée est destinée à une catégorie de la population (enfants de moins de 5 ans, insuffisants rénaux, femmes enceintes et personnes âgées), conformément à une mesure de restriction de l'ARS.
Questions/réponses de l'ARS
  • Qu’est-ce que les bromates ? 
La présence de bromates (BrO3-) dans l’eau potable découle habituellement du traitement de désinfection de l’eau. Ils sont formés par oxydation de l’ion bromure (Br -) ou peuvent provenir d’impuretés présentes dans le désinfectant chloré. Leur présence peut aussi être due à une pollution liée à l’homme.
 
  • Dans la situation actuelle, quels sont les risques pour la santé des populations concernées en cas d’ingestion d’eau contaminée ?
Compte tenu des concentrations observées, le risque de survenue d’effets aigus (diarrhées, vomissements,…) est improbable dans la population. Le risque de développer un cancer chez l’Homme est estimé après une consommation d’eau contaminée en bromates durant sa vie entière.
Aucune analyse de ce type de risque n’est disponible en France ou ailleurs pour des expositions de courtes durées à des doses comme c’est le cas sur les communes concernées
 
  • Quels sont les usages de l’eau autorisés et interdits ?
La consommation d’eau, c'est-à-dire la boisson, est déconseillée pour les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes ou les personnes âgées, de même que pour la cuisson des aliments.
L’eau peut être utilisée pour la douche, tout en veillant à ne pas l’avaler. Il n’y a pas de risque d’absorption cutanée.
 
  • Jusqu’à quand durera la pollution et qu’est ce qui est fait pour la contrôler ?
Pour le moment, il est impossible d’avancer une date de retour à la normale. Les services de la SMDS, en lien avec ceux de la CTM et de l’ARS travaillent activement pour trouver les causes de la pollution et rétablir la qualité de l’eau distribuée.