Économie : le coupeur d’herbes, entrepreneur-modèle

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Si nos petites entreprises devaient attendre les plans de développement élaborés par nos responsables politiques, le chômage serait plus massif. Surtout qu’il existe déjà de réelles opportunités d’emploi dans des secteurs d’avenir.
Nos grangrek de Paris et nos mapipi de Cluny nous le répètent sans arrêt : il faut inventer un autre modèle de développement. Et, si possible, sans toucher au coffre-fort des importateurs monopolistiques et des gros commerçants agoulou. Quand même pas !

Mais voilà, au pays de la débrouille, du "débouya pa péché", nous sommes passés maîtres dans l’art de contourner les plans des technocrates. Nos petits entrepreneurs et entrepreneuses n’attendent pas sur les politiques pour se prendre en mains.
Parmi les secteurs disposant d’un marché illimité : les cuiseurs de pizzas, les confectionneurs de sandwiches, les vendeurs de cercueils. L’avenir sera assuré pour ces entreprises, tant que nous mangerons et mourrons, ceci étant parfois la cause de cela. Mais il y a un autre métier, monté en puissance avec le pullulement des villas avec jardin et/ou piscine : le coupeur d’herbes.

Je ne parle pas du jardinier, embellissant et entretenant un lopin de terre ou le parking d’un édifice public. Le coupeur d’herbes, armé de sa débroussailleuse, rarement d’une tondeuse, mais toujours d’une souffleuse, horrible machine plus bruyante qu’un avion au décollage, se décline en trois espèces.
Primo, le pro. Reconnaissable à son fourgon multicolore et à ses gestes précis et pressés. Deuxio, le djobeur. Matériel asthmatique, venu en scooter ou dans sa propre voiture. Tertio, le perso. Une vraie calamité sociale. Ni le samedi ni le dimanche, il ne respecte l’arrêté municipal ou le règlement de son lotissement. Matériel dernier cri acheté à prix d’or avec lequel il fait le beau, il massacre son gazon en abolissant la sieste de ses voisins.

Men pran gad ! Prenons garde. Le coupeur d’herbe, pro, djobeur ou perso, est menacé par l’extension inexorable du domaine de la ville. Il lui reste encore de belles saisons, mais il lui faudra envisager sa reconversion. Par exemple, en laveur de béton, futur métier d’avenir de la génération montante.