EDF et les distributeurs d’eau potable en Martinique, vulnérables face aux intempéries ?

Deux agents d'EDF et de la SME en intervention (image d'illustration).
Les usagers des 3 fermiers en charge de la distribution de l’eau en Martinique et EDF ont encore une fois été en difficulté à cause des effets des dernières intempéries (les 21 et 22 octobre 2023). Sur l’ensemble de l’île, quelques 100 000 abonnés ont été privés de courant durant des heures et plusieurs autres milliers n’étaient pas alimentés au robinet. Les habitants sont mécontents.

Plusieurs milliers de Martiniquais ont encore une fois été impactés par des coupures d’eau et d’électricité durant le mauvais temps du week-end dernier (21 et 22 octobre). Jusqu’à 100 000 usagers ont été privés d’électricité.

Le vent, la pluie et la foudre ont endommagé les installations du fournisseur d'énergie, qui reconnaît les failles d’un réseau vieillissant, mais ce n’est pas le seul écueil.

Le climat martiniquais est rude pour le réseau électrique : la chaleur, l’humidité, la salinité, l’acidité liée aux algues sargasses, la foudre ou les vents forts accélèrent le vieillissement du réseau, en comparaison avec des zones climatiques plus tempérées.

Service communication d’EDF Martinique

"Plus d’un million d’euros par an" pour élaguer

En outre, les arbres poussent vite et l’élagage aux abords des réseaux électriques est indispensable pour limiter les coupures lors des tempêtes. Sinon la végétation tombe sur les lignes, les détériore et le courant ne peut plus passer. Nous investissons alors plus d’un million d’euros chaque année dans l’élagage sous notre responsabilité.

Communication EDF

Mais l’élagage de la végétation indésirable, incombe aussi aux propriétaires des terrains privés et aux municipalités. "Des efforts sont encore nécessaires sur ce sujet ; il existe encore trop de zones avec une végétation envahissant le réseau" observe Electricité de France.

Un poteau d'EDF couvert d'une végétation envahissante.

Idem pour les services d’eau et d’assainissement qui ont subi eux aussi les dernières intempéries. Des perturbations liées "aux turbidités en rivière et l'arrêt d'alimentation électrique", précisait le fermier Odyssi sur notre site.

Des complications techniques sont également survenues à cause notamment de la boue et des détritus infiltrés dans les canalisations. Conséquence immédiate, "toutes les usines de production d'eau se sont mises à l'arrêt" indiquait la SME.

Ce scénario qui se répète pratiquement à chaque épisode de mauvais temps, est aussi la conséquence de la vétusté chronique des tuyaux sur presque l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, cheminer vers une autorité unique de l’eau pour une organisation plus efficiente, semble être une volonté partagée par les 3 présidents des communautés d’agglomérations : Luc Louison Clémenté (Cacem), André Lesueur (Espace Sud) et Bruno Nestor Azérot (Cap Nord). 

Mutualiser les ressources

Mais c’est encore l’arlésienne, or, cette "mutualisation" serait salutaire à plus d’un titre estime Marie-France Toul. L’ex-conseillère exécutive (RDM) de l’ancienne majorité de la Collectivité majeure (entre 2015 et 2021), ancienne présidente du CEB (Comité de l’Eau et de la Biodiversité en Martinique).

En attendant l’entité unique, commençons déjà par mutualiser tout ce qui est possible de l’être… Distribution, exploitation, vente… Même au niveau de la formation des techniciens, pour aller plus vite dans la reconstitution du réseau, mieux identifier les failles, maîtriser les nouvelles techniques (…). Il faut travailler intelligemment, en apprenant surtout à monter correctement les dossiers relatifs aux fonds européens pour mieux utiliser les financements disponibles et savoir à quel moment solliciter l’office de l’eau... Et cela concerne toutes les collectivités. Et puis il faut que les élus communiquent sur les problèmes, expliquer à la population ce qui se passe.

Marie-France Toul

Des agents de la SME - Société Martiniquaise des Eaux en cours d'intervention (image d'illustration).

Les pannes à répétition agacent la population

Les opérateurs de l’eau et de l’électricité, eux, communiquent certes, lorsque les réseaux sont perturbés voire carrément à l’arrêt. Mais ce sont les pannes à répétition qui exaspèrent les Martiniquais. Sur les réseaux sociaux, certains imaginent le pire… en cas de grosse catastrophe naturelle.

EDF réagit.

Pour les grosses intempéries, nous avons un plan d’action défini qui nous permet de nous préparer. Ainsi, avant l’arrivée de Tammy, nous nous sommes assurés que tous nos véhicules avaient le plein d’essence, nous avons refait l’inventaire des outils, machines et groupes électrogènes et nous avons renforcé les effectifs mobilisables durant la crise et pré-mobilisé nos prestataires.

Service communication d’EDF Martinique

"Trouver le défaut, puis une stratégie de réparation"

Lors des coupures, nous avions plusieurs équipes déployées sur l’île : de petites équipes manœuvrent pour réalimenter les particuliers et d’autres équipes plus conséquentes, avec camions et nacelles, s’attellent à réparer le réseau. Dans chaque cas, une phase d’analyse pour trouver le défaut, puis une stratégie de réparation est décidée selon la gravité de la détérioration et enfin la réparation. Dans certains cas, nous pouvons trouver d’autres chemins électriques pour alimenter certaines zones, ou déployer des groupes électrogènes.

EDF Martinique

Des lignes électriques bientôt rénovées

Chaque année, EDF investit "plus de 30 millions d’euros dans le réseau local". Électricité de France prévoit un accroissement de ses investissements "afin qu’on puisse rénover les lignes électriques haute tension, remplacer des lignes aériennes par des souterraines quand cela est possible, et construire les nouvelles lignes en souterrain dès que la technique le permet".

Depuis 2021, "plus de 1700 poteaux vétustes ont été remplacés", pour un budget de "plus de 3M€" affirme la société d'électricité en Martinique.