ÉDITORIAL. Outre-mer : il est urgent d’agir… et d’attendre

François-Noël Buffet, ministre des Outre-mer.
Quelle politique le gouvernement va-t-il mener dans les collectivités d’outre-mer ? Le nouveau ministre saura-t-il rétablir la confiance entre nos populations et l’État ? Autant de questions posées et à résoudre dans les prochains jours.

L’audace et l’écoute sont-elles de retour au ministère des Outre-mer ? Nous verrons bientôt comment François-Noël Buffet entend travailler avec les forces vives de nos territoires. Au lieu de lui dresser dès aujourd’hui des procès d’intention, il convient de donner quelque temps à l’ancien président de la commission des lois du Sénat, venant de l’aile conservatrice de la formation de droite Les Républicains.

Nous connaîtrons dans quelques semaines les contours de sa doctrine. L’occasion lui en est fournie avec le vote du budget de son ministère. Annoncé en diminution de 9%, la plus forte baisse de tous les ministères, le ministre a un premier écueil de taille à contourner. Il lui faudra justifier cette diminution des crédits consacrés pour une bonne part au logement social et au service militaire adapté. Ils représentent de 10 à 15% des dépenses de l’État dans nos collectivités.

Mais François-Noël Buffet, en homme politique expérimenté qu’il est, a déjà compris qu’il devra user de diplomatie, de fermeté et de dynamisme pour rétablir la confiance entre l’outre-mer et l’Etat. Une confiance fortement érodée depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Il cristallise un niveau d’hostilité jamais atteint dans nos territoires envers un président de la République.

Le ministre est attendu sur des chantiers complexes

Le nouveau ministre sait qu’il est attendu sur des chantiers complexes communs à tous nos pays : la vie chère, la réforme de l’octroi de mer, l’autosuffisance alimentaire, le changement climatique, la transition énergétique, la création d’emplois, la rénovation du système de santé, les défis de l’éducation. Il lui faudra écrire aussi sa feuille de route sur des sujets spécifiques : la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie, l’intégration définitive de Mayotte, l’autonomie de la Guyane, la criminalité aux Antilles.

Il est à espérer que le ministre travaille avec nos représentants légitimes dans une relation équilibrée. Il est attendu aussi sur sa méthode. Ce qui n’interdit pas à nos élus locaux et parlementaires de prendre des initiatives politiques fortes dans tous leurs domaines de compétences.

Pour la Martinique, cela peut être l’octroi de mer et la vie chère. Rien n’oblige nos élus à attendre tout du ministre. S’ils adoptent une position offensive, le gouvernement leur en sera reconnaissant. Il y a fort à parier que le Premier ministre Michel Barnier, auprès de qui le ministre des Outre-mer est rattaché, voudra assurément effacer l’image brouillée de l’Etat dans nos territoires. Un véritable défi à relever.