"Rebâtir Mayotte." Au terme d'une visite de terrain qui devait durer une journée mais qui a finalement été prolongée comme "une marque de respect, de considération", le président de la République Emmanuel Macron a repris l'avion, direction Djibouti pour un repas de Noël avec les militaires français basés sur place.
Une visite dense, parfois tendue, au cours de laquelle le président a pu constater la détresse des Mahorais, dont l'île est dévastée et qui peinent toujours à trouver de quoi manger et boire, six jours après le passage de Chido.
Pour cette deuxième journée de visite, Emmanuel Macron s'est rendu à Combani, dans la localité isolée de Tsingoni, dans l'Ouest de Grande-Terre, où il a constaté "la non-information" des habitants sur les moyens déployés pour leur venir en aide, une source "d'angoisse" pour une population qui a tout perdu ou presque.
"Actions utiles à entreprendre"
En fin de matinée et avant son départ, il a présidé une réunion intermédiaire de crise pour "conclure son déplacement et transmettre au gouvernement et aux administrations les actions utiles à entreprendre."
Jeudi soir, lors d'un point presse, il avait souligné "la solidarité et l'affection de la Nation" pour Mayotte, redisant dans un tweet en shimaoré "Nous sommes une Nation". Le président a décliné en trois points l'action de l'Etat pour répondre à la catastrophe ayant touché de plein fouet l'île aux Parfums.
"On va reconquérir chaque commune"
D'abord, "l'urgence" : les soins, "réparer ce qui peut l'être", faire arriver l'eau potable et l'alimentation, restaurer l'eau au robinet et l'électricité, ce qui prendra "plusieurs semaines "dans certains endroits de Mayotte." "On va reconquérir chaque commune", a déclaré le président.
Il a aussi évoqué le maintien de l'ordre face aux éventuels pillages, avec le déploiement de 1200 forces de sécurité intérieure dimanche.
Faire face aux risques sanitaires
Sur l'enjeu de santé publique, il a confirmé que l'hôpital de campagne serait déployé samedi à Cavani. "Il y a des risques infectieux, des maladies chroniques qui peuvent revenir" a-t-il souligné.
Dans un tweet sur X, le ministre de l'Intérieur a indiqué que l'eau doit être raccordée "ce soir (vendredi, ndlr) sur la quasi-totalité du territoire". Le réseau sera alimenté "deux jours sur trois sur tous les secteurs pendant huit heures", tandis que chaque habitant doit obtenir deux litres d'eau par jour. Jeudi, 80 tonnes d'alimentation et 50 tonnes d'eau ont pu être distribuées dans neuf communes. Huit autres seront approvisionnées aujourd'hui, dit encore Bruno Retailleau.
"Multiples défis à relever"
Deuxième phase, "la stabilisation". Il y aura, à court terme, "de multiples défis à relever", a dit Emmanuel Macron pour cette deuxième phase. Le président a évoqué la distribution de bâches et des tôles pour permettre aux habitants de revenir dans leurs maisons, l'arrêté de catastrophe naturelle "pour indemniser le plus rapidement possible", et la création "d'un fonds d'indemnisation".
Il parle aussi de "réquisitions pour alimenter les forces économiques", et faire en sorte de "libérer les écoles" transformées en centre d'hébergement "pour préparer la rentrée au 13 janvier".
Il a enfin annoncé "un dispositif de solidarité nationale pour faire face à toutes les situations des familles".
Loi spéciale, établissement public
Troisième phase évoquée par le président, "la reconstruction" : "Rebâtir Mayotte, c'est l'engagement que j'ai pris, le souhait des élus et de la population", a répété Emmanuel Macron. "Rebâtir de l'habitat et bâtiments publics durables, aux normes, qui feront face à des événements naturels auxquels on est confronté dans la région", a-t-il rajouté, et ce, "en mobilisant les forces économiques et les meilleures expertises dans le monde."
Il faudra "faire vite, avec une loi pour simplifier les textes et procédures", comme cela a été fait "pour les Jeux olympiques et Notre Dame" et en créant "un établissement public qui serait "l'assemblier" de tout."
"Mettre fin aux bidonvilles"
Emmanuel Macron s'engage enfin à "mettre fin aux bidonvilles, supprimer les habitats indignes et dangereux dans lesquels sont les clandestins". Reconnaissant que les dispositifs comme la loi Elan ne sont "pas adaptés au territoire", il annonce "des mesures d'urgence adaptées à la condition de Mayotte" dans cette future loi.
Le président s'est cependant refusé à donner de délai pour cette reconstruction. La journée de deuil national annoncée reste en revanche maintenue au lundi 23 décembre.