Égalité réelle en Outre Mer ? Égaux : oui mais pas trop !

Population dans la ville de Fort de France
Les députés ont commencent ce mardi (4 octobre) l’examen du projet de loi sur l’égalité réelle outre-mer, l’un des 60 engagements de campagne de François Hollande. S’agissant de nos territoires, là aussi, l’unanimité ne sera pas au rendez-vous.
L’issue du débat sur le projet de loi concernant l’égalité réelle outre-mer ne laisse aucun doute. Les députés voteront certainement une série de mesures d’abolition des discriminations dont sont victimes les 2,7 millions d’habitants des 11 collectivités d’outre-mer. Il aura fallu pas moins de 70 ans après la loi du 19 mars 1946 créant les départements d’outre-mer pour que la reconnaissance soit éclatante de la persistance de cette France à deux vitesses.

Ce projet de loi part d’un bon sentiment : il est inconcevable que deux citoyens du même pays vivent des situations différentes selon leur lieu de résidence. Qui peut sérieusement le contester ? Bien entendu, sept décennies se sont écoulées avant que le débat ne soit posé, en grande partie grâce aux groupes de pression d’associations d’originaires d’outre-mer. Du reste, l’actuelle ministre des outre-mers, Ericka Bareigts, était voici quelques mois encore vice-présidente du CREFOM, le Conseil représentatif des français d’outre-mer.

Pourtant, des voix s’élèvent, à Paris, pour nous mettre en garde sur le mode : "l’égalité doit marcher dans les deux sens". En clair : si les habitants des collectivités d’outre-mer doivent être égaux à leurs compatriotes du continent, il faut qu’ils renoncent à leurs spécificités : la prime de vie chère, l’abattement supplémentaire sur l’impôt sur le revenu, la TVA plus faible, l’octroi de mer, la priorité de mutation pour les fonctionnaires originaires, les congés bonifiés pour nos compatriotes fonctionnaires en France continentale, entre autres exemples.

En somme, la mise à niveau doit se pratiquer sur tous les plans. Mais c’est oublier un peu vite que le domaine colonial puis l’Outre-Mer ont puissamment contribué à la puissance passée et présente de la France. N’est-ce pas, M. Juppé ?