Après le score historique du Rassemblement National lors des élections européennes du week-end dernier (8 et 9 juin), qui a contraint le Président Emmanuel Macron à dissoudre l’assemblée nationale, c’est le branle-bas de combat à droite.
Face au "front" de gauche et de l’extrême gauche constitué au lendemain de cette large victoire du RN avec sa tête de liste Jordan Bardella, une alliance des droites proposée par le patron des LR (Les Républicains) est en discussion. Eric Ciotti, est favorable à "une alliance avec le RN, avec tous ceux qui se retrouvent dans les idées de droite et les valeurs de droite" a-t-il affirmé au JT de 13h de TF1 ce mardi 11 juin 2024.
Divisions et appels à démission
Mais cette déclaration divise au sein du parti à cause des clivages idéologiques entre la droite "traditionnelle" et la frange plus "radicale" incarnée par l’extrême droite. Certains adhèrent à l’idée du représentant des LR dans la perspective des élections législatives anticipées, tandis que d’autres appellent à sa démission.
C’est le cas du président du Sénat, Gérard Larcher, du chef du groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix ou encore de Jean-François Coppé, ancien ministre, ex-député et ex-président de l’UMP.
Eric Ciotti ne parle qu’en son nom personnel. Il doit démissionner immédiatement de la présidence des Républicains, son éloge de l’extrême droite est inacceptable et contraire à toutes les valeurs que nous défendons.
Jean-François Copé des LR, sur son compte X (ex-Twitter)
Réactions de la droite martiniquaise
En aucun cas, je ne suis pour le Rassemblement national, je ne serai jamais pour ce parti. Si maintenant les cadres demandent le départ de Monsieur Ciotti, je resterai au LR, mais en aucun cas je ne pourrai rester avec un parti qui est en train de tournoyer le cerveau des gens avec le Rassemblement National (…). Nous sommes des gaullistes, pourquoi je vais aller avec des gens qui ont voulu nous descendre ?
Thierry Jupiter, membre du comité territorial des LR en Martinique(au téléphone de Grégory Gabourg)
Yann Monplaisir, ex-membre des LR (et candidat aux prochaines législatives), renvoie dos à dos les extrêmes.
En cas d'élection, s’il y a un groupe des démocrates, je siégerai là, mais je ne siégerai pas dans le groupe du Rassemblement National ; je ne siégerai pas non plus dans le groupe des Républicains avec le RN, c’est clair, ni avec la Nupès, c’est aussi clair pour moi. Il ne faut pas accepter ce vote des extrêmes (…). Je ne siégerai pas avec les extrêmes. Nous avons 4 parlementaires, il y en a 3 qui sont à l’extrême gauche. Il faut que les martiniquais se posent des questions.
Yann Monplaisir, maire de Saint-Joseph, classé à droite
Le maire de Saint-Pierre, Christian Rapha, du centre droit et ex-partisan de la majorité présidentielle, considère qu’Eric Ciotti a "choisi d’effacer les valeurs du gaullisme".
Cette position de Monsieur Ciotti est non seulement surprenante, mais aussi déshonorante, qui flaire bon l'opportunisme, le petit calcul politicien. D'ailleurs il est désapprouvé par la plupart des leaders de son parti. Cela se base sur des ambitions très personnelles, qui laissent de côté toutes les valeurs qu'il prétendait défendre depuis des années et en particulier celles du gaullisme, partagées par tellement de partis français, de droite comme de gauche. Monsieur Ciotti a choisi d’effacer tout cela, je ne peux que désapprouver et regretter cette attitude qui déshonore les politiques de façon générale, à l'origine de la défiance de la population vis-à-vis des élus.
Christian Rapha
"C'est un mauvais signal" estime de son côté Philippe Petit, président de l’UDEM (l’Union des Démocrates et Écologistes de Martinique).
C'est un mauvais signal supplémentaire pour le peuple français dans son ensemble, parce que je n'ai jamais pensé, qu'on soit de droite ou de gauche, qu’on puisse en arriver aux extrêmes et notamment un parti qui a montré ses limites dans l'histoire de la France, dans sa considération raciale, on peut même dire raciste, donc c'est difficile de comprendre qu’un républicain aille vers le Rassemblement National (…). Le député Olivier Marleix [chef de groupe LR à l’Assemnblée] a demandé que Monsieur Ciotti soit démis de sa fonction de président des LR, cela me paraît tout à fait logique.
Philippe Petit
À ce stade, la coalition des droites que souhaite Eric Ciotti n’est pas gagnée, au vu des dissensions que suscite cette "stratégie" dans son propre camp.
Avoir "un groupe important" dans la nouvelle majorité à l'Assemblée nationale serait sa seule motivation, au-delà de sa situation personnelle insiste-t-il.
Ce qui m'importe, ce n’est pas ma situation personnelle. C'est donner une alternative au pays. Il faut se remuer, il faut se retrousser les manches, additionner nos forces. On aime la France, on a des valeurs de droite, on croit en l'autorité, on croit en la liberté (…). J'entends les voix qui s'élèvent, mais quant aux élections européennes on a 40% des français ce qui est inédit, qui donnent ce résultat à ceux que certains veulent ostraciser, à un moment je dis ça suffit parce que ce n’est pas ce qu'on me dit sur le terrain.
Eric Ciotti