Elections territoriales : Alfred Marie-Jeanne et ses soutiens déterminés pour un nouveau mandat à la CTM

Alfred Marie Jeanne, candidat aux législatives dans le sud en juin 2022.

La candidature du président sortant du conseil exécutif de la CTM ne faisait aucun doute. Elle a été officialisée ce jeudi 13 mai 2021 sur les réseaux sociaux, en direct de Rivière-Salée. En présentiel, les têtes de sections et le "noyau dur" du candidat, n’ont pas ménagé leurs adversaires.

Le GSPM (Gran Samblé Pou Matinik) a officialisé la candidature de sa tête de liste jeudi 13 mai 2021 lors d’une présentation digitale sur les réseaux sociaux (Facebook, Zoom, et Instagram). La manifestation était également retransmise sur la radio pilotine (RLDM), ou Alfred Marie-Jeanne tient régulièrement ses tribunes.

Ce dernier avait déjà laissé entendre depuis bien longtemps qu’il serait candidat à sa propre succession, lors de la visite des comités de soutien une fois par mois et des échanges interactifs du dimanche sur l’antenne de son média.

Le digital pour ratisser plus large

 

Le rendez-vous sur la toile était certes, inévitable, eu égard à la situation sanitaire, mais aussi l’opportunité de séduire de potentiels électeurs davantage tournés vers les nouvelles technologies, et la "bête" politique le sait pertinemment.

Alors il a affiché toute sa détermination derrière le pupitre placé devant le mur d’images des internautes et face à un nombre de soutiens limités en présentiel, mais tout aussi résolus.

Des oreilles ont sifflé

 

Marie-Hélène Léotin, élue du CNCP (Conseil National des Comités Populaires) et membre de la majorité de l’assemblée de la CTM, a été la première intervenante à donner le ton.

Ils se sont engagés et ils ont déserté le gran samblé.

(M-H Léotin)

 

Louis Boutrin de Martinique Ecologie, 2e intervenant, a vanté "l’éthique et l’efficacité" de l’équipe en place selon lui, en mettant en avant son sujet de prédilection : l’écologie.

Nos initiatives de transition écologiques s’inscrivent dans une vision prospective du pays.

(L. Boutrin)

 

Satisfaction affichée à tous les étages

 

Et c’est ainsi que chacun y est allé de son satisfecit. Idem pour le Palima (le PArti pour la LIbération de la MArtinique), par la voix de Clément Charpentier-Titi, conseiller territoriale de la majorité lui aussi.

Nous avons un acquis institutionnel, un conseil exécutif formé de 9 membres, qui, loin d’avoir été le symbole d’une personnalisation du pouvoir, a donné une image collective de la direction de la collectivité. 

 

En fait, un mini gouvernement, sous la direction d’un chef d’orchestre, qui coordonne, qui rend le tout cohérent.

(C. Charpentier-Titi)

 

Georges Erichot, secrétaire du PCM (Parti Communiste Martiniquais) a lui, parlé de "trahison, ambition personnelles, soif de revanche, tentative de déstabilisation".

Le "noyau dur" des fidèles selon Alfred Alfred Marie-Jeanne. (Marie-Hélène Léotin - Louis Boutrin - Clément Charpentier-Titi - Georges Erichot)

CNCP, Palima, Martinique écologie, et PCM, le "noyau dur, noyau incorruptibles" aux yeux d’Alfred Marie-Jeanne.

La diversité de nos points de vue, est le ferment de nos actions et les valeurs que nous partageons, intégrité et responsabilité, sont nos repères.

(AMJ)

 

Les tacles du sortant

 

Après l’autocongratulation, est venu le temps des tacles aux adversaires, accompagnés des dossiers qui font polémique depuis 2015, comme celui des finances.

Je rappelle que lorsque nous sommes arrivés aux affaires, on a laissé non pas des matelas d’argents, mais des matelas de dettes (…) aussi bien les deux ex, l’ex-conseil général, et l’ex-conseil régional.

D’autres ont confondu intérêt particulier et intérêt général.

(A. Marie-Jeanne)

 

La tête de liste du GSPM n’épargne personne

 

Dans ma propre commune, des complots se sont montés, des complots se sont défaits et puis il y a des gens qui sont partis, des comploteurs que vous connaissez.

Jamais, je dis bien jamais, il ne saurait y avoir réconciliation avec ces gens-là.

(AMJ)

 

"Bon vent, bon courant" a souhaité Alfred Marie-Jeanne à ses alliés d’hier. Jean-Philippe Nilor était dans tous les esprits à ce moment du discours lu et improvisé à la fois, le député du sud dont le nom n’a été cité qu’une fois, mais dans un jeu de mots du leader indépendantiste… "et les Ni et les lor".

Celui qui est (toujours ?) chef de groupe de la majorité à l’assemblée de la collectivité majeure et poulain émancipé du candidat Marie-Jeanne, aura sans doute l'occasion de rendre l’appareil à son mentor durant la campagne qui débute à peine.

4 têtes de sections pour le GSPM

 

Avant de citer les 4 têtes de sections qui animeront cette campagne électorale, le président sortant a salué et fait applaudir longuement Miguel Laventure, homme de droite convaincu, mais engagé dans l’alliance de gestion depuis 2015. L’intéressé qui était présent aux côtés des patriotes à Rivière-Salée, a savouré le moment.

Il a accepté d’être le pourfendeur de ceux qui ont cherché à nous pourfendre.

(AMJ)

 

Les amis d’hier de Miguel Laventure toujours classés à droite de l’échiquier politique martiniquais apprécieront.

Les têtes de sections pour la campagne d'Alfred Marie-Jeanne, candidat sortant à l'élection territoriale de 2021 : de gauche à droite de l'image, Justin Pamphile (nord) - Philippe Edmond-Mariette (centre atlantique) - Francis Carole (Fort-de-France) - Alfred Marie-Jeanne (sud).

Au nord, Justin Pamphile s’est engagé avec celui dont il a été l’opposant durant 6 ans, ce qui est assurément la surprise de cette liste du GSPM.

Le maire du Lorrain, a en effet siégé au sein d’EPMN (Ensemble Pour une Martinique Nouvelle) sous les auspices de Serge Letchimy, avec entretemps une furtive collaboration avec "En Marche" (le parti du Président de la République, Emmanuel Macron).

Lors du vote du budget primitif de la CTM pour l'exercice 2021, le premier magistrat lorrinois avait voté favorablement, "en conscience et en parfaite solidarité avec les martiniquaises et les martiniquais, car cette période d'incertitudes qui se poursuit, ne doit pas se complexifier avec une transition démocratique" avait-il souligné. 

Etait-ce un premier pas...ou un pas de plus vers Alfred Marie-Jeanne ? En tous cas, Justin Pamphile a longuement expliqué les raisons de son ralliement.

"Un choix en tant qu’homme libre"

Face aux luttes intestines, je me suis tu, j’ai analysé, et j’ai compris qu’Alfred Marie-Jeanne, bien qu’attaqué de toute part, n’a eu de cesse de défendre des valeurs qui me sont chères (…).

L’intégrité, l’honnêteté, la sincérité, et le respect de la parole donnée (...). pour son humanité et sa très grande proximité avec tous les martiniquais.

 

Ce choix-là je ne l’ai pas fait lors d’un second tour. Je le fais dès le 1er tour, en toute transparence (…). Je n’ai rien exigé et mon engagement est sincère et sans contrepartie. Un choix en tant qu’homme libre (…).

 

Et j’ai fait le choix de m’éloigner de ceux qui prônent la revanche et qui n’ont que pour seule et unique ambition, leur ascension personnelle, loin des intérêts des Martiniquais.

(Justin Pamphile)

 

Au centre atlantique, la mission a été confiée à Philippe Edmond-Mariette. Il a rappelé que sa collaboration avec le leader indépendantiste remonte à 2012.

Je n’ai pas attendu 2021 pour dire à cet homme-là (AMJ), que j’avais du respect pour lui.

(P. Edmond-Mariette)

 

Document en main, l’avocat a affirmé qu’"en 2016, il y avait un déficit très important dans les comptes de la région Martinique", en citant 5 membres de l’opposition, suite à leur demande de réintégration dans les caisses de la CTM, d’"un soit disant excédent" selon Philippe Edmond-Mariette.

Le ténor du barreau de Fort-de-France a épinglé au passage avec la verve qu’on lui connait, le PPM (Parti Progressiste Martiniquais), lorsqu’il a pointé du doigt l’union… ou plutôt la désunion au sein du parti césairien.

Fort-de-France : "une pieuvre mafieuse" (Francis Carole)

 

Sans surprise, c’est Francis Carole qui a été désigné tête de section à Fort-de-France. Le conseiller exécutif en charge du social, qui a qualifié les dissidents du Gran Samblé de 2015, de "traîtres" et d’"ingrats", a ajouté une couche sur la mairie foyalaise (dont il est un des plus farouches opposants depuis plusieurs années).

"La ville de Fort-de-France est une pieuvre mafieuse" a lâché Francis Carole. C'est à priori l’expression d’un arrière-goût amer de la dernière élection municipale (en 2020) : 67,44% des suffrages exprimés pour le maire, Didier Laguerre, réélu au 1er tour, contre 18,56 % pour le concurrent téméraire.

"Humilité et rigueur", le mot d’ordre

 

Enfin, c’est Alfred Marie-Jeanne qui se chargera de convaincre les électeurs du sud de l’île. Avant de conclure, ce dernier a réservé sa dernière flèche au vice-président de l'assemblée dont le mandat s'achève, en usant d’un nouveau jeu de mots sur le patronyme du maire de Saint-Joseph cette fois. Yann Monplaisir,…"mon déplaisir", a ironisé le sortant de l’exécutif.

Puis il s’est adressé à ses co-listiers une dernière fois : "humilité, rigueur, doivent être nos guides".