L’incarnation, la vision et les propositions : voici les trois critères principaux pour choisir celui ou de celle qui va conduire les destinées du pays durant le prochain quinquennat. D’autres valeurs sont prises en compte également, comme la probité, l’honnêteté, ou encore la proximité. Ces critères sont généralement admis comme étant essentiels dans les pays où les citoyens choisissent librement leurs gouvernants.
Tout d’abord, l’incarnation du peuple français. C’était la conception du général de Gaulle. Il souhaitait que le chef de l’État soit doté d’une sorte d’onction particulière. D’où sa décision de le faire élire au suffrage universel direct afin qu’il soit le dépositaire de la volonté du peuple. Qui possède cette qualité, parmi les onze prétendants ?
Puis vient la vision du candidat. Dans quelle direction et selon quelle cadence faut-il aller ? Comment compte s’y prendre celui ou celle qui veut mener le pays ? Quel futur nous propose-t-il ? Là aussi, le citoyen est à l’écoute. D’autant que, enfin, les propositions précises et concrètes sont susceptibles d’être passées à la loupe.
Les critères évoluent peu selon l’époque
Aujourd’hui, plus que jamais, le choix du vote sera conditionné par la capacité des candidats à faire corps avec les demandes des citoyens. Les enquêtes menées par les instituts d’opinion depuis le mois de septembre dernier montrent que les principales préoccupations de la population portent sur le pouvoir d’achat, le changement climatique, le système de santé, l’immigration et les inégalités sociales.
Bien sûr, ces attentes sont classées différemment par les sympathisants de la gauche, du centre, de la droite ou de l’extrême droite. Fait inattendu en 2022, le sujet de la place de la France dans le monde qui intéresse peu en général, gagne en densité au vu de la guerre en Ukraine.
Ce sujet est classé en seconde position des préoccupations des électeurs, selon l’enquête publiée le 6 mars 2022 réalisée par l’institut Ipsos pour la Fondation Jean Jaurès, Sciences Po Paris et le journal Le Monde. Nul ne sait si cette guerre va influer sur les résultats du premier tour.
Qu’en sera-t-il en outre-mer ?
Une autre incertitude à évaluer concerne spécifiquement les électeurs des collectivités d’outre-mer. Elle porte sur l’importance donnée à l’avenir de nos territoires dans le programme des candidats. Choisirons-nous tel ou tel selon la place qui nous est réservée au sein de l’ensemble français ? Irons-nous chercher dans les différents programmes ce qui nous concerne directement aussi avant de voter ?
Il est difficile d’y répondre. Le président n’a pas en tête les seules problématiques propres à l’outre-mer. Cependant, la plupart des prétendants à l’Élysée mettront un point d’honneur à illustrer l’importance qu’ils souhaitent conférer aux onze collectivités périphériques. Il serait politiquement risqué qu’ils s’abstiennent d’ignorer quelque 5% du corps électoral.
Du reste, l’intérêt des prétendants pour la France dite périphérique est manifeste. Tous ne se déplacent pas dans nos territoires, vu leurs contraintes d’agenda par rapport à la longueur des liaisons aériennes vers les territoires du Pacifique. Ceux qui prennent l’avion privilégient les deux plus importants bassins électoraux, la Réunion et les Antilles qui comptent environ, 1,3 million d’inscrits.
Il reste à savoir si les électeurs d’outre-mer se détermineront aussi par rapport à la pertinence supposée ou en l’audace espérée quant à l’avenir des relations entre le centre et la périphérie de la France. Plus que 35 jours pour le savoir.