Elysée 2022 : l’Outre-mer, une chance pour la France

Medetom
À quatre mois du premier tour de l’élection présidentielle, les candidatures s’affirment et les programmes s’affinent. L’Outre-mer sera, une fois de plus, évoqué dans le débat.

Faut-il supprimer ou maintenir le ministère des Outre-mer ? Quelle politique sera-t-elle développée par le nouveau président - ou la nouvelle présidente - de la République ? Quelles idées originales nous proposeront les prétendants à l’Élysée ? Alors que s’amorce la campagne pour la onzième élection présidentielle de la Cinquième République, ces questions seront assurément à l’agenda des candidats.

Ils seront attendus sur le maintien, la suppression ou la transformation d’un ministère dédié aux onze collectivités d’Outre-mer. Ce ministère, autonome depuis 1894, héritier du bureau des colonies, est l’un des plus anciens. Sa mission est triple.

Primo, la souveraineté, par l’exercice de l’autorité de l’État dans nos territoires périphériques. Puis, l’intervention économique et social, essentiellement le financement du logement social et des régiments du SMA, le Service militaire adapté. Tertio, la coordination de l’action du gouvernement.

Medetom gère 10% des crédits d’État

Pourtant, Medetom ou Oudinot, ses surnoms d’usage dans le microcosme politique, ne gère directement que 10% de la totalité des crédits versés par l’État dans nos territoires. Pour 2022, son budget s’élève à près de 2 milliards et demi d’euros.

Si de temps à autre, les milieux autorisés bruissent de rumeurs sur la suppression du ministère, le sujet n’est pas vraiment d’actualité. Medetom fonctionne comme une sorte d’ambassade de l’Outre-mer auprès du gouvernement. Il est plus pratique et plus facile de s’adresser au ministre du moment et à ses collaborateurs que de courir les différents ministères.

Au-delà de l’opportunité de savoir s’il faut ou pas conserver ce département ministériel, la question cachée est : à quoi sert son Outre-mer à la France ? Nous aurons l’occasion d’analyser la vision des candidats sur le sujet. Nous pouvons parier qu’aucun, en tout cas parmi les plus susceptibles de gouverner, ne remettra en cause la place de la France dans le monde, un statut qui lui est conféré par nos territoires.

Une puissance maritime mondiale

C’est ainsi que la France est la seconde puissance maritime mondiale, après les États-Unis. Sa zone économique exclusive (ZEE) de 11 millions de kilomètres carrés est localisée à 97% dans les espaces de l’Outre-mer. Un atout sous-utilisé. Un autre en est la biodiversité. Avec 80% des espèces animales et végétales vivant dans nos territoires, la France est richement dotée.

L’Outre-mer permet aussi à la France de bénéficier d’un positionnement géostratégique de premier plan. Par exemple : l’atoll de Mururoa, connu pour les essais pratiqués de 1960 à 1996 ont permis d’affermir le rang de puissance nucléaire ; le port spatial européen de Kourou ne souffre guère de concurrence ; les bases militaires disséminées dans l’Atlantique, le Pacifique et l’océan Indien donnant aux forces armées une capacité d’intervention à l’échelle planétaire ; la présence en Nouvelle-Calédonie confère un poste avancé dans la région de l’Indo-Pacifique, arrière-cour de la puissante Chine.

Il serait étonnant que quiconque, au sein du personnel politique parisien, renonce à ces avantages considérables. Quelle que soient leurs orientations idéologiques, les politiciens français s’entendent au moins sur l’idée que la France doit demeurer une puissance mondiale, grâce à son Outre-mer.