Pourquoi pas un président de la République natif ou originaire de l’une de nos onze collectivités d’outre-mer ? Au moins, un candidat ou une candidate à l’Elysée. Il n’existe aucun obstacle légal ni politique à un tel scénario. D’autant que nous avons déjà eu une prétendante issue de nos territoires périphériques qui a pu se qualifier pour le premier de cette élection.
C’était en 2002. Il s’agissait de la Guyanaise Christine Taubira, soutenue par le Parti radical de gauche dont elle était la première vice-présidente. Elle avait obtenu 2,3% des voix en se classant au 13e rang sur les 16 candidats. Au second tour, Jacques Chirac a été réélu face à Jean-Marie Le Pen.
Christine Taubira n’ira pas cette fois. Elle l’a déjà dit. À sept mois du premier tour, sa position peut évoluer. Qui sait ? En tout cas, c’était la première fois, il y a vingt ans, qu’une personnalité issue de l’outre-mer se présentait à la magistrature suprême.
Une première tentative en 1988
Toutefois, une première tentative avait eu lieu, pour l’élection de 1988. Un militant indépendantiste martiniquais, Yves François, professeur agrégé d’histoire, avait été désigné par le Conseil national des comités populaires, le CNCP, pour se lancer dans la course.
Il devait représenter l’ensemble des mouvements politiques anticolonialistes des anciennes colonies du Pacifique, de l’océan Indien et des Antilles-Guyane. La campagne électorale devait servir de tribune pour les mouvements politiques luttant en faveur de l’émancipation des peuples des différents départements et territoires d’outre-mer. La plupart d’entre eux avaient signé une plateforme en ce sens.
Faute de parrainages d’élus en nombre suffisant, Yves François n’a pas pu participer à la campagne. L’expérience n’a jamais été renouvelée. Il est vrai qu’il n’existe aucun espace dans le paysage politique pour que les indépendantistes et les autonomistes des outre-mer se fassent connaître de l’ensemble des électeurs français.
L’espace politique exclut l’outre-mer
Un espace encore plus réduit cette année. Le moindre interstice est occupé par un débat clivant entre les partisans de différentes nuances du repli de la France sur soi. Ce n’est donc pas en 2022 que les 2 millions d’habitants des collectivités relevant des articles 73 (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte), 74 (Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélémy, Saint-Martin, Polynésie, Wallis-et-Futuna) et 77 (Nouvelle-Calédonie) de la Constitution, ni les 700 000 originaires de ces territoires vivant dans l’hexagone pourront bénéficier d’une écoute particulière.
Il est vrai que les natifs et originaires de l’outre-mer sont des citoyens libres, égaux devant la loi et vivant en toute fraternité avec leurs concitoyens de toutes origines sociales, géographiques et ethniques, de quelque coin de France dont ils se réclament. N’est-ce pas ?