Voici venue la fin du quinquennat mandat du président Emmanuel Macron. Les promesses contenues dans son programme de candidat au sujet du développement de l’Outre-mer ont-elles été mises en œuvre ? Avant son élection, il voyait l’avenir de nos territoires sous le signe de la rupture. Rupture avec le passé colonial, avec la fatalité du mal-développement, avec les monopoles commerciaux, avec la pensée unique.
Au bout de cinq ans, la rupture a-t-elle marqué la politique gouvernementale ? La modernisation du tissu productif de nos territoires est-elle enclenchée ? Le modèle économique de ces cinq dernières décennies est-il remis en cause ? L’Outre-mer est-il enfin entré dans une nouvelle époque ?
Pour la Martinique, le constat est limpide : les indicateurs socio-économiques et démographiques restent négatifs. Le chômage massif est enkysté dans notre société, autour de 15%, comme en 2017. Le poids des retraités, des chômeurs et des travailleurs sous-employés est quasiment égal à celui des actifs, environ 150 000 personnes pour chacune de ces deux grandes catégories. Une absurdité sur les plans économique et social.
Le marasme se poursuit
La contribution dans la création de richesse de l’agriculture, du tourisme et du commerce reste au niveau de celle de 2008-2009. Ces secteurs traditionnels d’activités ne créent pas d’emplois. Ils ne favorisent pas non plus l’émergence d’activités diversifiées et plus rémunératrices.
Un autre indicateur du marasme économique est la baisse régulière de la population active ces cinq dernières années. Les jeunes entrants sur le marché du travail sont de moins en moins nombreux à cause de la dénatalité et de leurs départs massifs à l’extérieur. Conséquence : les créations d’emplois sont en baisse constante.
Enfin, nous constatons tous que la vie quotidienne reste toujours aussi chère pour nos dépenses obligatoires : alimentation, eau, électricité, gaz, carburants, téléphone, transport collectif, médicaments. Et aussi pour les dépenses épisodiques : habillement, billets d’avion, colis postaux, services bancaires...
Un programme en forme de bilan
Pour contrebalancer ces résultats négatifs, dans sa "Lettre aux Martiniquais", son programme électoral, Emmanuel Macron évoque en priorité le rôle protecteur que l’Etat a assumé sous sa gouvernance, selon lui. Il met en avant la mobilisation de moyens exceptionnels dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Il se félicite de sa dénonciation du scandale de la pollution au chlordécone.
Il rappelle également l’augmentation des effectifs de gendarmes et de policiers pour juguler la criminalité et la délinquance. Sans oublier le plan Ségur de la santé qui prévoit près de 500 millions d’euros pour nos hôpitaux.
Pour lui, la logique du rattrapage des écarts entre l’hexagone et la Martinique n’est plus de mise. "Les promesses et les plans se succèdent, mais le chômage et la vie chère sont toujours là" écrit-il. Pourtant, c’est bien lui le président sortant.
Pour jauger le bilan de ce quinquennat, chacun verra midi à sa porte selon sa sensibilité politique et selon qu’il a voté pour lui, ou pas, en 2017. Le président-candidat compte beaucoup sur ses électeurs de Martinique pour être réélu, sachant que chaque voix compte. Verdict des urnes le 10 avril 2022.