République en marche, Rassemblement national, France insoumise, Les Républicains, Parti socialiste : qui emportera les élections législatives les 12 et 19 juin 2022 ? Question prématurée ? Que nenni ! Les états-majors se préparent déjà afin que la majorité parlementaire corresponde à la majorité présidentielle.
Ce qui n’est pas assuré, quel que soit le chef de l’Etat élu. Le seuil de qualification a été si bas, 28% pour le premier et 24% pour le second, que le futur locataire de l’Elysée pourrait être mis en minorité au Parlement deux mois plus tard. A eux deux, Emmanuel Macron et Marine Le Pen totalisent 52% des votes. La moitié des électeurs a donc choisi d’autres candidats. Ces électeurs peuvent revenir à leurs convictions politiques pour choisir les députés.
Un paysage politique fragmenté
D’autant que le paysage politique français est fragmenté entre trois grands blocs puissants sur le plan local. Les Républicains, le parti de Valérie Pécresse, dirigent la majorité des grandes villes, 42 départements sur 101 et 6 régions sur 18 – dont elle-même, en Île-de-France.
Le Parti socialiste dont la maire de Paris Anne Hidalgo était la candidate, est bien implanté dans plusieurs métropoles et villes moyennes. Ses militants président 27 départements et 5 régions. Le Rassemblement national ne bénéficie pas d’un tel maillage d’élus locaux, mais est présent dans tout le pays.
Quant à LREM, le parti présidentiel, il éprouve du mal à s’implanter. Hormis quelques grandes villes administrées par des élus ralliés, il ne dirige aucune région, ni aucun département. Il risque d’être à la peine aux législatives, même si son président est réélu.
Des comportements électoraux surprenants ne sont pas à exclure
Si les citoyens désirent faire contrepoids au futur président ou à la future présidente, ils peuvent élire des députés de sensibilité politique opposée. Ce qui peut se traduire par une nouvelle cohabitation. Ce serait inédit depuis l’instauration du quinquennat.
L’une des motivations de la réduction de sept à cinq ans du mandat présidentiel était, précisément, d’empêcher de disposer d’un exécutif composé de deux têtes opposées. Ce scénario a été joué à trois reprises en 1986, en 1993 et en 1997. Pourquoi pas en 2022 ?
Un autre scénario est envisageable, celui de l’absence de majorité absolue, aucune formation ne parvenant à disposer du minimum de 289 députés. Du jamais vu sous la Cinquième République, conçue par ses pères fondateurs en 1958 pour que le pays dispose d’institutions stables.
Si ce résultat advient, le président serait contraint de composer un gouvernement d’union nationale afin de tenir compte de la diversité des opinions exprimées par les électeurs. Au risque de l’instabilité et d’une crise politique à terme.
Nous n’y sommes pas encore, le second tour de la présidentielle n’étant pas conclu. Cependant, la fracturation de la société et la balkanisation de l’échiquier politique sont tels, que des comportements électoraux surprenants ne sont pas à exclure.