Le débat d’idées sera-t-il à l’ordre du jour lors de cette élection présidentielle ? Tout porte à croire que celle-ci sera différente de la précédente. En 2017, le président élu a été le plus jeune à occuper cette fonction, à 39 ans. Et il ne disposait d’aucun parti politique pour le porter au pouvoir, hormis un récent rassemblement, "En marche !".
Ces deux éléments n’existent plus en 2022. Le prochain locataire du palais de l’Elysée sera nécessairement plus âgé que l’actuel à son arrivée. Et il ou elle sera investie ou soutenue par une formation politique structurée.
En attendant de connaître les candidats officiels, le 11 mars 2022, la campagne est autant incertaine que passionnante. Incertaine, vu les intentions de vote exprimées dans plusieurs sondages d’opinion. Près de la moitié des électeurs disent ne pas s’intéresser à la campagne.
En outre, un tiers de ceux qui sont certains d’aller voter disent qu’ils peuvent encore changer d’avis d’ici le premier tour, le 10 avril. Enfin, le seuil de qualification au second tour est bas, autour de 25% pour le candidat placé en première position.
Une campagne incertaine et passionnante
La campagne est passionnante dans la mesure où nous pouvons constater des différences majeures entre les projets des candidats, leur vision de la France et leur conception du monde. Le choix des électeurs sera sûrement plus aisé qu’en 2017, la confusion régnant alors s’étant soldée par la victoire d’un inconnu inattendu.
Aujourd’hui, les frontières idéologiques sont plus nettement marquées entre la gauche, la droite et l’extrême droite. Même si à l’intérieur de chacun de ces courants, des nuances et des divergences sont bien réelles.
Nous sommes manifestement revenus aux règles habituelles d’une campagne présidentielle, brutalement transformées il y a cinq ans. Cette année, le combat se déroule entre des formations politiques organisées. Leur idéal tente d’épouser les différentes caractéristiques sociologiques – la génération, le milieu socioprofessionnel, la zone de résidence, les habitudes de vote.
Pour autant, il n’est pas dit que les candidats sauront cristallier l’intérêt des citoyens, volontiers tentés par l’abstention, signe d’une certaine désillusion envers la chose politique. Le citoyen est volontiers tenté par le fait de marquer sa désapprobation ou sa déception face aux réponses jugées insatisfaisantes portées par les élus ou par ceux qui souhaitent le devenir.
Vers une forte abstention ?
L’abstention pourrait être forte cette année si l’écart demeure trop important entre les discours des candidats et les préoccupations exprimées par la population. Les sujets liés à l’immigration et à la sécurité qui constituent le fond du discours de certains candidats sont relégués au second rang par les citoyens.
Ce sont les enjeux de société qui les intéressent. Par exemple : les conséquences de la pandémie, l’impact des dérèglements climatiques, l’égalité réelle entre femmes et hommes, les nécessaires modifications à porter à notre mode de vie, le pouvoir d’achat.
A trois mois de l’élection du président ou de la présidente, le 24 avril 2022, les prétendants ont encore le temps et l’occasion d’augmenter le niveau du débat, plutôt pauvre pour le moment. Ils seraient bien inspirés de mieux prendre en compte les souhaits des citoyens. Ce qui représente un authentique défi démocratique.