Sur les réseaux sociaux, des vidéos devenues virales témoignent de l'embuscade perpétrée dimanche 9 juin 2024 à Delmas, une commune de l'arrondissement de Port-au-Prince. L'une d'elles montre un blindé incendié. Selon la presse haïtienne, le véhicule avait été immobilisé dans une tranchée creusée par les membres d'un gang, le signe d’une embuscade soigneusement préparée.
Trois policiers tués
Trois policiers, Fermetus Emelin, Wilken Pitons et Clovis Peterson, ont été tués. Un quatrième homme a été blessé. Tous, victimes d'une attaque revendiquée par Jimmy Chérizier, un ancien agent de police devenu chef de gang.
Sur une autre vidéo, trois fusils d’assaut et des munitions attribuées aux agents de police tués sont exposées, avec en voix off, la voix de celui qu'on surnomme Barbecue.
L’embuscade suscite l’indignation au sein de la PNH, la police nationale d’Haïti jusqu’au sommet de l’État. Le Premier Ministre Garry Conille a présenté ses condoléances aux familles des victimes et à leurs collègues.
Cet acte odieux et barbare est une attaque directe contre la sécurité et la stabilité de notre nation. (...) L'État devra accompagner dignement les familles des victimes et ne peut abandonner les épouses et les enfants des policiers qui ont fait le sacrifice ultime.
Garry Conille, Premier Ministre d'HaïtiPrimature de la République d'Haïti
Dans une déclaration diffusée par la Radio Télévision nationale d'Haïti (RTNH), le porte-parole de la PNH, le commissaire Garry Desrosiers a assuré qu'une enquête sera ouverte dans les plus brefs délais pour déterminer les circonstances du drame.
Un affront à la PNH
Les trois agents tués appartenaient à l’unité temporaire anti-gang. Cette composante de la Police Nationale d'Haïti a été créée en septembre 2023. Le RAID, l'unité d’élite d’intervention de la police française avait participé à sa formation.
En dépit des moyens engagés, 20 policières ou policiers ont été tués entre janvier et juin 2024. Vingt-huit attaques armées contre des postes de police ou des patrouilles ont été dénombrées. L'une des plus marquantes a touché la ville de Gressier en mai 2024 dans les faubourgs de Port-au-Prince.
Jimmy Chérizier et la coalition de gangs qu’il dirige mènent une guerre sans merci contre la police. Au point que le syndicat de police réclame le limogeage de leur chef.