En Martinique, le futur président du conseil exécutif pourrait être un élu, ou pas

Quel sera le profil du président ou de la présidente du conseil exécutif de la CTM le 27 juin prochain ? Une brève plongée dans notre passé récent pourrait nous aider à trouver la réponse.

La loi veut que celui ou celle qui conduit la liste ayant emporté les élections devienne chef de l’organe chargé d’administrer la collectivité. Au-delà de ce principe juridique et politique, il reste à savoir quel type de personnalité accèdera au bureau présidentiel de Plateau Roy, à Cluny.

S’agira-t-il d’un professionnel de la politique ou d’un novice dans ce domaine ? Sera-t-il un chef d’entreprise ou un fonctionnaire ? Le futur vainqueur aura-t-il à son actif de longues années d’expérience d’élu ou pas ? Dans la mesure où notre seule certitude est que ces élections se déroulent sous l’empire de l’incertitude, nous sommes en droit de nous interroger.

Un panel très diversifié

 

Ne serait-ce que parce que le panel des têtes de listes est très diversifié. Sur les quatorze personnalités, huit sont fonctionnaires ou assimilés et six chefs d’entreprise. Nous comptons aussi huit candidats choisis par des états-majors politiques et six autres sans aucune appartenance.

Un autre angle de vision révèle que les élus locaux ou nationaux ne représentent que la moitié de ces quatorze chefs de file. Une proportion jamais atteinte pour ce type d’élections. Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur, en remontant aux débuts de la Vème République, en 1958, est fort instructif.

Le Conseil général, puis le conseil régional depuis 1983, ont toujours été présidés par des élus qui possédaient déjà une certaine expérience. En plus, plusieurs d’entre eux ont été les principaux dirigeants de leur formation politique.

Des ténors à la tête de nos collectivités

 

Au Conseil général, se sont succédé ces soixante dernières années : Tertulien Robinel, François Duval, Émile Maurice, Claude Lise et Josette Manin. Lorsqu’ils ont accédé à cette fonction, ils et elle étaient bien implantés dans leur commune - respectivement au Carbet, au François, à Saint-Joseph, à Fort-de-France, au Lamentin.

Même analyse pour les présidents successifs du Conseil régional. Aimé Césaire en 1983, Camille Darsières en 1986, Emile Capgras en 1992, Alfred Marie-Jeanne en 1998 et Serge Letchimy en 2010 ont été auparavant ou en même temps maire, ou adjoint au maire, ou député.

Conclusion : depuis 1958, tous les présidents du conseil général et du conseil régional étaient dotés d’une forte expérience civique et politique. Et tous ont eu ou continuent d’avoir une longue carrière politique.

Cette rapide analyse nous amène à une question : en sera-t-il de même en 2021, en sorte qu’une certaine continuité politique soit assurée ? Question subsidiaire : et si ces élections étaient celles de la rupture ?