La commémoration de l’abolition de l’esclavage, ce 22 mai, devrait nous permettre de poser quelques questions à l’histoire et à nous-mêmes.
Quels sont les enjeux de la commémoration du 22-Mé ? Pour les uns, il s’agit de célébrer la révolution anti-esclavagiste. Pour les autres, il convient de commémorer l’abolition de l’esclavage. Jeux de mots ? Que nenni ! L’histoire n’est pas neutre, ni l’interprétation que nous en donnons.
Mettre en avant l’abolition comme geste symbolique sous-entend que les esclaves ont attendu le décret du 27 avril 1848 signé par Victor Schoelcher. Nommé sous-secrétaire d’État à la Marine et aux colonies du gouvernement provisoire constitué à l’issue de la révolte populaire de février, il a eu la lourde charge de préparer les conditions légales de la libération immédiate et générale des esclaves. Pour Schoelcher, ce moment a constitué l’aboutissement d’un long combat personnel commencé en 1830.
Privilégier la révolution revient à démontrer que les esclaves se sont libérés eux-mêmes, par le marronnage et la résistance depuis les premiers temps de leur arrivée dans la colonie. Une longue série de révoltes individuelles et collectives dont l’apogée fut l’émeute mémorable de la mi-mai à Saint-Pierre et dans sa région.
Pour d’autres chercheurs, l’abolition a constitué le point de départ d’une nouvelle société basée sur la coexistence plus ou moins pacifique entre anciens esclaves et anciens maîtres. L’indemnisation des colons, contrastant avec l’abandon par l’État des anciens travailleurs serviles, a contribué à empêcher la pacification des rapports entre classes sociales et a maintenu la division socio-raciale de la société.
Ce 22 mai devrait être enfin l’occasion d’approfondir le débat, complexe, sur la réparation du crime subi par nos ancêtres. Un défi ignoré par le plus grand nombre, relevé par quelques militants. L’acuité de cette problématique est dissuasive, au prétexte que le combat est perdu d’avance. Question naïve : si nos ancêtres devaient tenir le même raisonnement, et se décourager au lieu de se battre, que serions-nous aujourd’hui ?
Mettre en avant l’abolition comme geste symbolique sous-entend que les esclaves ont attendu le décret du 27 avril 1848 signé par Victor Schoelcher. Nommé sous-secrétaire d’État à la Marine et aux colonies du gouvernement provisoire constitué à l’issue de la révolte populaire de février, il a eu la lourde charge de préparer les conditions légales de la libération immédiate et générale des esclaves. Pour Schoelcher, ce moment a constitué l’aboutissement d’un long combat personnel commencé en 1830.
Privilégier la révolution revient à démontrer que les esclaves se sont libérés eux-mêmes, par le marronnage et la résistance depuis les premiers temps de leur arrivée dans la colonie. Une longue série de révoltes individuelles et collectives dont l’apogée fut l’émeute mémorable de la mi-mai à Saint-Pierre et dans sa région.
Révolution ou révolte ?
Les deux versions de l’histoire cohabitent. Pour certains auteurs, la révolution n’a pas eu lieu. Si le système du travail gratuit a été interdit, l’organisation de la société coloniale est demeurée longtemps intacte, jusqu’à l’orée des années 1960. Ce qui n’amoindrit en rien le courage et la détermination des esclaves et de leurs alliés, les libres de couleur, pour faire cesser l’abomination.Pour d’autres chercheurs, l’abolition a constitué le point de départ d’une nouvelle société basée sur la coexistence plus ou moins pacifique entre anciens esclaves et anciens maîtres. L’indemnisation des colons, contrastant avec l’abandon par l’État des anciens travailleurs serviles, a contribué à empêcher la pacification des rapports entre classes sociales et a maintenu la division socio-raciale de la société.
Bissette ou Schoelcher ?
Au-delà du rappel de ces nuances dans l’analyse de la société post-esclavagiste, il conviendrait également, en ce 22 mai, de rappeler les rôles respectifs de Cyrille Bissette, l’abolitionniste martiniquais par excellence, et de Victor Schoelcher, l’abolitionniste français par excellence, aux destins mêlés. Ces deux-là se sont mutuellement respectés puis haïs, alors qu’ils ont porté tous deux l’estocade à un système obsolète et profondément anti-humain.Ce 22 mai devrait être enfin l’occasion d’approfondir le débat, complexe, sur la réparation du crime subi par nos ancêtres. Un défi ignoré par le plus grand nombre, relevé par quelques militants. L’acuité de cette problématique est dissuasive, au prétexte que le combat est perdu d’avance. Question naïve : si nos ancêtres devaient tenir le même raisonnement, et se décourager au lieu de se battre, que serions-nous aujourd’hui ?