La Maison du Retour et de la Famille se met en place progressivement. Ce n’est pas un immeuble, comme son nom le laisse à penser, mais un dispositif comportant plusieurs dizaines de mesures complémentaires. Son but est de tenter d’enrayer la baisse des naissances et la diminution de la population.
Ce plan est inédit. C’est la première fois qu’une institution martiniquaise mesure l’ampleur d’un phénomène concernant chacun de nous. L’Etat est toujours resté muet sur la pente dangereuse sur laquelle notre population. Pire, c’est l’Etat qui a organisé l’émigration massive de nos forces vives.
Le rapport commence d’ailleurs sur ces mots : "La création du Bumidom en 1963 marque le point de départ de la catastrophe migratoire en cours en Martinique". Le constat est parfaitement connu.
Désormais, il s’agit de relever un immense défi. Le plan de la CTM est ambitieux aussi car il vise à prendre des décisions politiques consensuelles pour repeupler notre pays. Ce n’est pas pour rien qu’il a été voté à l’unanimité.
La Maison du Retour est structurée autour de quatre axes
D'abord, la mise en place d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Il s’agit d’évaluer les besoins en main d’oeuvre des filières de production et des services publics. La CTM fait appel à tous les partenaires intéressés.
Ensuite, un pôle Migration Retour. Parmi les solutions retenues : mettre en relation les jeunes de moins de 40 ans vivant hors du pays avec des employeurs potentiels ou aider ceux-ci à créer leur entreprise. Autre exemple, aider les familles à se réinstaller, dans leurs démarches administratives ou pour se loger.
Puis, inciter à la natalité. Une prime de 2 000 euros pour le deuxième enfant et de 3 000 euros pour le troisième sera versée aux foyers selon leur revenu. L’expérience sera valable cinq ans afin de favoriser l’augmentation des naissances.
Enfin, rendre le territoire plus attractif qu’il ne l’est. Ce qui suppose, notamment, des investissements conséquents pour doper les secteurs de la construction, du logement, du transport, de la santé ou de l’eau. Le fléchage de ces investissements est prévu dans le budget de la CTM, voté à l’unanimité la semaine dernière.
Chacun est libre de critiquer le plan de la collectivité majeure. Certains estimeront qu’il n’est pas réaliste, vu l’importance du défi à relever. Ceci dit, une enquête sociologique d’envergure serait opportune, afin de comprendre les raisons pour lesquelles nos jeunes ne font pas ou peu d’enfants. Et aussi pour analyser les motivations de nos compatriotes émigrés.
La Maison du Retour et de la Famille se déploie progressivement. En dépit de ses éventuelles lacunes et au-delà de nos différences d’approche, il importe de se demander enfin comment nous pouvons agir pour sauver la Martinique du déclin qui l’attend.