Les esclaves n’ont jamais cessé de se battre pour leur liberté

L'abolition de l'esclavage, le 27 avril 1848
Alors que nous célébrons la révolution anti-esclavagiste, il est utile de se rappeler que l’insurrection finale des 22 et 23 mai est l’aboutissement d’une longue tradition de luttes contre la barbarie et le racisme.
Les esclaves se sont toujours révoltés, contrairement à une légende les présantant passifs et résignés. Dans les dernières décennies de la période esclavagiste, les rébellions sur les plantations sont incessantes et implacablement réprimées. Dans quasiment toutes les colonies, anglaises, espagnoles, portugaises, hollandaises, françaises, les esclaves se soulèvent sans discontinuer.

Le marronnage, ou l’évasion, est parfois individuel mais souvent collectif. Les évadés s’organisent dans les montagnes ou dans les forêts, loin des plantations qu’ils fuient. Quasiment toutes les générations de captifs africains se sont adonnées à la résistance contre le système.

En Martinique, des révoltes gigantesques ont pour épilogue des procès d’une féroce injustice. En octobre 1822, la révolte du Carbet se termine tragiquement par le suicide de son chef, Pierre. La moitié des 62 insurgés capturés sont exécutés. Durant leur procès, le gouverneur évoque de soi-disant relations avec les dirigeants de la jeune République d’Haïti.

Une autre insurrection majeure est celle de février 1831 à Saint-Pierre. Lors du procès des rebelles, le procureur évoque un « vaste complot pouvant causer la ruine de la colonie ». Le tribunal ordonne l’exécution de 22 prévenus. Autre exemple : l’insurrection de la Grande Anse, au Lorrain, à la Noël 1833.
 

Des insurrections sévèrement réprimées


Le procès concerne 117 prévenus poursuivis pour avoir envisagé le soulèvement de la région avec des ramifications à Saint-Vincent et en Dominique. Un soi-disant complot est éventé, visant à fomenter une guerre civile des esclaves contre les Blancs, selon les mots du procureur.

Ces révoltes majeures ont miné de l’intérieur le système raciste du travail forcé des nègres venus d’Afrique. Hormis les révoltes, la résistance revêt de multiples formes : les empoisonnements de l’eau des moulins ou du bétail, voire des maîtres ; les incendies de plantations ; le travail au ralenti ou le non-respect des horaires.

Aucune colonie européenne de l’Amérique des plantations n’a été épargnée par la guerre menée par les esclaves contre l’ignominie et la barbarie. Les Africains obligés de devenir des travailleurs serviles et leurs descendants n’ont jamais attendu leur salut que d’eux-mêmes, jusqu’à l’interdiction définitive de l’esclavage.