Face à l’ampleur de la crise sanitaire, les États et les organisations internationales sont obligées de s’endetter pour soutenir l’économie et venir en aide aux foyers les plus modestes. Pour autant, la dette publique doit-elle être vue uniquement comme une charge ?
"Si tu as une petite dette, laisse-la gonfler. Si tu as une grosse dette, oublie-la". Ce proverbe turc est-il sur le point d’être remis au goût du jour ? Vu les montants astronomiques des nouvelles dettes souscrites par les pouvoirs publics, la réponse est positive. Nous le devons au coronavirus qui a provoqué une pandémie planétaire inédite.
Quelques chiffres ont de quoi nous donner le tournis. Aux États-Unis, le Parlement a voté deux plans élaborés par l’ancien et le nouveau président pour un total de 2 400 milliards d’euros. Des sommes destinées à empêcher l’effondrement de l’économie de la première puissance mondiale.
À une moindre échelle, l’Union européenne s’engage pour 750 milliards d’euros. Des sommes réservées à ses 26 États membres. La France recevra 60 milliards et empruntera 40 milliards pour financer son Plan France Relance. Nous ne sommes pas en reste. La Collectivité Territoriale de Martinique va emprunter 210 millions d’euros pour participer à la refondation postérieure à la crise sanitaire.
La dette prend des proportions inquiétantes…
Que ce soit ici, à l’échelle de la France ou de l’Europe ou des États-Unis, il importe de savoir comment rembourser cette "dette Covid", comme disent les économistes. Certains d’entre eux prétendent que la dette publique ne représente pas une charge transmise aux générations montantes. Ces économistes estiment qu’en face de chaque dette, qui est un passif, il existe un actif.
Par exemple : les établissements publics de toutes natures, les réseaux de communication, les infrastructures construites et entretenues par les collectivités, les actions des entreprises. Ce patrimoine universel est enrichi par l’État qui garantit les droits d’accès de chacun à la santé, à la protection sociale, à l’éducation, au logement.
Si nous suivons cette logique, la meilleure façon d’utiliser la dette publique en général et celle contractée durant la crise sanitaire en particulier, serait d’investir massivement dans les secteurs productifs créateurs d’emplois plus rémunérateurs que les secteurs traditionnels. Ces investissements publics sont susceptibles de générer des gains ultérieurs qui seront redistribués à tous.
… et rassurantes si elle est investie
D’où la grande attention qu’il faudrait porter à des secteurs appelés à se développer en Martinique. Par exemple : l’économie numérique, le tourisme patrimonial, l’agriculture nourricière ou encore la micro-informatique.
Il ne faut pas négliger pour autant la construction ou la rénovation des routes, des logements, des réseaux d’eau, de téléphone et d’électricité. Ni le développement des énergies renouvelables. Et encore moins la formation des adultes, le soutien scolaire, la professionnalisation des activités sportives et artistiques, la prise en charge des personnes âgées.
Autant de pistes de réflexion pour les candidats aux élections territoriales. Leurs programmes devraient intégrer les modalités d’une utilisation intelligente de notre dette publique pour la considérer non pas comme un fardeau, mais réellement comme un levier pour la transition vers une économie moderne.