Et si nous avions un rêve ? Celui que les femmes et les hommes sont devenus vraiment égaux en tous points, en conformité avec les lois universelles et les logiques de la nature. Celui que dans tous les compartiments de la société, l’entente cordiale entre femmes et hommes est devenue une réalité quotidienne et banale.
Celui que dans tous les lieux où se prennent les décisions politiques pour le bien public, nous comptions autant de femmes que d’hommes placés sur le même plan de responsabilités. À savoir, œuvrer de concert afin que les choix des élus soient partagés de manière équanime par les citoyennes et les citoyens.
Et si nous avions un rêve ? Celui que nous n’avons pas rêvé. Pourtant, nous devons nous rendre à l’évidence. Le décompte des mandats électifs en Martinique donne des résultats éloquents. Une seule femme au Sénat sur les deux représentants qui nous sont attribués, après avoir été élue à l’issue d’une homérique bataille. Plus aucune à l’Assemblée nationale, alors que nous en avions eu deux en même temps lors de la précédente législature.
La loi contraint mais n’est pas suffisante
Cinq femmes occupant le fauteuil de maire et neuf étant première adjointe dans nos trente-quatre communes. Aucune ne préside les trois communautés d’agglomération, et une seule occupe une première vice-présidence. Soulignons un point positif : les femmes composent la moitié des conseils municipaux, la moitié des conseillers à l’Assemblée de Martinique ainsi que des présidences des commissions et du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique.
Un bémol s’impose : c’est certainement grâce à la loi sur la parité entre femmes et hommes pour les mandats électifs adoptée en août 2000 que cette situation est rendue possible. Cette disposition n’a pas été unanimement acceptée à l’époque, mais elle est entrée dans les mœurs aujourd’hui.
Néanmoins, des progrès restent à accomplir, quand nous examinons le périmètre des responsabiltés des élus. Combien de femmes sont en charge du budget de nos collectivités, par exemple, ou des postes les plus prestigieux ? Pouvons-nous compter sur le temps qui passe pour combler ces lacunes aux racines profondes ?
Le machisme est ancré dans nos moeurs
Nous savons bien que sans des lois contraignantes, le statut des femmes dans la sphère politique n’évolue guère. C’est le cas de celle sur la parité obligatoire. Cela a été le cas aussi pour leur droit de vote, en 1944. En dépit de l’ancienneté de la revendication portée par Olympe de Gouges dès la Révolution de 1789, ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que les femmes peuvent devenir des citoyennes à part entière.
Nous devons au Parti communiste d’avoir convaincu le gouvernement provisoire présidé par le général de Gaulle d’ouvrir les registres électoraux aux femmes à ce moment-là. Un droit exercé lors des élections législatives et municipales de 1945. Un droit acquis dans les colonies là où la revendication d’égalité des droits entre femmes et hommes est forte, en Guadeloupe et en Martinique, surtout.
Et si nous avions un rêve ? Celui que le machisme recule. Ce comportement est perpétué par les hommes, certes, mais aussi par certaines femmes prisonnières de schémas éducatifs obsolètes. Le chemin de l’émancipation est étroit, mais rien ne nous interdit de l’emprunter.