"Notre pays est devenu une plaque tournante du narcotrafic" [Didier Laguerre, maire de Fort-de-France]

Le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, lors d'une réunion publique (illustration).
L’Assemblée nationale s’apprête à voter le 1er avril 2025, une proposition de loi pour "combattre plus efficacement le narcotrafic". C’est dans ce contexte que le 1er magistrat de Fort-de-France pousse de nouveau un cri d’alarme, après sa participation à la "biennale de la sécurité et de la prévention" organisée par France Urbaine, le 18 mars dernier à Paris.

Le texte recense plusieurs mesures nouvelles parmi lesquelles : la création d’un nouveau parquet national anticriminalité organisée, la fermeture des commerces qui blanchissent l'argent de la drogue, la facilitation du gel des avoirs criminels, ou encore le renforcement des techniques d’enquête et de la répression.

Cette proposition de loi formulée par les sénateurs Étienne Blanc et Jérôme Durain était soumise à l’examen de l'Assemblée nationale en séance publique, jusqu’à ce jeudi 27 mars. Près de 1 000 amendements ont été déposés.

Hasard de calendrier, c'est dans ce contexte que le 1er magistrat de Fort-de-France a de nouveau poussé un cri d’alarme à propos de l'insécurité qui gangrène sa commune. Il s'est exprimé à l’issue de sa participation le 18 mars dernier, à la "biennale de la sécurité et de la prévention" organisée à Paris par France Urbaine, l’association des "grandes villes de France".

"S'adapter à l'agilité des réseaux mafieux"

Depuis plusieurs années, j'ai régulièrement alerté les autorités de l’Etat et les gouvernements successifs sur la réalité de la situation locale et les conséquences dramatiques qu’elle entraîne. Notre pays est devenu ne plaque tournante du narcotrafic, et les règlements de compte violents, souvent à l’arme à feu, se multiplient. Aux côtés d'autres collectivités, nous avons demandé un contrôle renforcé notamment aux frontières maritimes, ainsi qu'un soutien accru aux forces de sécurité "du quotidien" pour le contrôle, en particulier en soirée, ainsi qu'en matière d'investigation et de justice. Les actes de violence se multiplient et il est impératif que l'Etat renforce ses efforts pour s'adapter à l'agilité des réseaux mafieux et répondre à cet enjeu majeur qui touche directement les foyalais, leur sécurité et celle de leurs biens.

Didier Laguerre

(communiqué du 18 mars 2025)

Le 1er magistrat ne cache pas sa grande inquiétude face à "des réseaux qui importe frauduleusement des armes à feu, y compris des armes de guerre et qui les rendent accessibles même aux plus jeunes".

Il est essentiel que les représentants de l’Etat et du Parlement français prennent pleinement la mesure des difficultés rencontrées par les martiniquaises et les martiniquais, en matière de réponse pénale, de sécurité, de tranquillité publique, ainsi que de politique de prévention et d’emploi, en particulier pour notre jeunesse.

Didier Laguerre

Hélicoptère de la gendarmerie nationale en mission de recherche

Protéger les frontières de la Caraïbe contre le narcotrafic

L’Europe doit également financer la protection de ses frontières dans la Caraïbe contre le narcotrafic, comme elle le fait en Méditerrané et soutenir la lutte contre le recrutement des jeunes vers cet argent dit "facile".

L’édilité foyalaise

D’après le magazine en ligne lintern@ute, en 2023, Fort-de-France a recensé "un total de 4 379 crimes et délits". La ville affiche ainsi un taux de criminalité de 58,4 pour mille habitants, ce qui la plaçait [cette année-là] au rang 4 387 du classement des villes les plus dangereuses de France.