Sainte-Thérèse : 9 policiers blessés, certains ont essuyé des tirs... des faits d’une "gravité exceptionnelle" pour le Procureur

Violences au quartier Sainte-Thérèse à Fort-de-France, en plein couvre-feu (le 31 juillet 2021).
Dans la soirée du 31 juillet 2021, en plein couvre-feu, au quartier Sainte-Thérèse à Fort-de-France, les forces de l’ordre ont essuyé des tirs de projectiles divers, mais également "des tirs à balles réelles" précise le procureur de la République. Bilan : 9 policiers blessés.

Samedi 31 juillet 2021, lors d’un vidé de rue interdit alors que le couvre-feu était largement entamé, "une centaine d’individus à pied ou à moto ont tenté de pénétrer dans le centre-ville de Fort-de France, depuis l’avenue Maurice Bishop du quartier Sainte-Thérèse, malgré la présence d’un barrage routier" retient le Procureur de la république.

Renaud Gaudeul relate les faits dans un communiqué de presse daté du lundi 2 août 2021.

Une fois les sommations effectuées, les forces de l’ordre ont essuyé des tirs de projectiles divers mais également des tirs à balles réelles.

 

Un fonctionnaire de police a été atteint à trois reprises et ne doit de toute évidence la vie qu’à son bouclier et sa visière laquelle présente pas moins de trois impacts (…).

"Des impacts de tirs à armes à feu"

9 fonctionnaires de police ont été blessés. Six véhicules de la police et de la gendarmerie ont été dégradés, dont deux qui présentent chacun trois impacts de tirs par arme à feu.

(Renaud Gaudeul, Procureur de la République)

Impacts de balles réelles sur des voitures des forces de l'ordre, sur un casque et un bouclier.

Le Procureur a donc décidé d’ouvrir une information judiciaire confiée à deux magistrats instructeurs, dans le cadre d’une cosaisine, "afin que soient menées immédiatement des investigations aussi complètes que rapides. Les capacités d’investigations les plus larges seront mobilisées sur ces enquêtes, qui font suite à une précédente tentative d’homicide sur personnes dépositaires de l’autorité publique survenue il y a 15 jours"

En effet, le quartier des Terres-Sainville avait été le théâtre d’affrontements il y a deux semaines, où les gendarmes mobiles avaient eux aussi essuyé des coups de feu.

Renaud Gaudeul qualifie ces exactions d’une "gravité exceptionnelle" et rappelle que "les faits de tentative d’homicide au préjudice de personnes dépositaires de l’autorité publique font partie de ceux les plus sévèrement réprimés par la loi, les auteurs encourant la réclusion criminelle à perpétuité"

Trois interpellations ont pu d’ores et déjà être réalisées, pour des faits notamment de "participation à un attroupement armé malgré sommation, violences avec arme sur personnes dépositaires de l’autorité publique, rébellion, refus d’obtempérer, vols aggravés et recel de vol".

"On a franchi un nouveau palier"

 

Unité SGP FO Police déplore ces violences et saisira le ministre de l’Intérieur, pour tenter d’obtenir plus de moyens, une demande récurrente de tous les syndicats policiers.

Cela fait des années que nous tirons la sonnette d’alarme, car nous observons cette montée de la violence depuis quelques temps, mais là on a franchi un nouveau palier.

 

Donc il faut des hommes et des femmes supplémentaires au sein des effectifs et aussi du matériel.

 

"De la violence pure et dure avec des menaces de mort"

 

Il faudra qu’on soit entendu et que nos revendications soient prises en compte cette fois-ci, car la situation devient très compliquée et dangereuse pour nos collègues.

 

Nous réclamons par conséquent des renforts permanents et non de façon ponctuelle.

 

On est face à des individus qui s’en prenne à notre vie et à notre intégrité physique.

Ce n’est plus de la provocation, c'est de la violence pure et dure avec des menaces de mort !

(Intidar Jouiny, secrétaire départementale d’Unité SGP Police FO)

 

Des réactions indignées

 

Le préfet de la Martinique Stanislas Cazelles, condamne fermement ces violences inadmissibles, alors même que le territoire est durement éprouvé par une crise sanitaire sans précédent. Des enquêtes seront diligentées pour en sanctionner les auteurs.

(Communiqué de la préfecture – 1er août 2021)

De nouvelles dégradations et des actes de violence à l'encontre des forces de l'ordre ont été commis ce samedi 31 juillet 2021 à Fort de France.

 

Je condamne avec fermeté ces faits qui mettent à mal des années de travail et la vie de plusieurs familles.

Toutes les formes de violence doivent être condamnées.

 

Si je partage le principe de la liberté de choix en matière vaccinale, je ne peux admettre que le refus de ce choix se traduise par l’incendie d’un vaccinodrome qui prive ceux qui veulent se faire vacciner de la possibilité de le faire.

(Serge Letchimy, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique – 1er août 2021)

Je dénonce avec la plus grande fermeté les graves dégradations de biens publics et privés, les destructions de véhicules municipaux, les tirs par armes à feu, sur les forces de l’ordre, mais aussi l’incendie du centre vaccination de l’avenue Maurice Bishop.

 

Rien ne saurait justifier ces préjudices vis-à-vis des habitants, des usagers, et des commerçants dont les outils de travail sont détruits, dans un contexte sanitaire déjà difficile.

(Didier Laguerre, Maire de Fort-de-France - communiqué du 1er août 2021)

Le Président du CÉSECÉM, Justin Daniel, condamne avec la plus grande fermeté les exactions commises dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2021 dans le quartier de Sainte-Thérèse à Fort-de-France.

 

Aucune cause ne saurait justifier de tels comportements et de telles pulsions.

 

A un moment où la Martinique peine à faire face à une nouvelle vague épidémique aux conséquences désastreuses, il en appelle à la raison et à la responsabilité de tous pour y faire face dans la solidarité et la sérénité retrouvées.

(Communique du Conseil Économique, Social, Environnemental, de la Culture et de l’Education de Martinique – 02 août 2021)