Tensions à Fort-de-France entre activistes et forces de l'ordre : politiques et syndicats réagissent

Au lendemain d'une seconde journée agitée entre forces de l'ordre et activistes RVN (Rouge-Vert-Noir), des organisations politiques et syndicales livrent leurs analyses. Le préfet du territoire s'est lui aussi exprimé sur Martinique 1ère radio.
Garde à vue terminée pour les activistes Rouge-Vert-Noir interpellés jeudi 16 et vendredi 17 juillet 2020, lors des affrontements avec les forces de l'ordre. Le dernier qui a été entendu, (un jeune de 22 ans), a retrouvé sa famille samedi 18 dans la matinée. Les images montrant son arrestation musclée par les gendarmes, ont été diffusées sur les réseaux sociaux.

Idem pour les jets de projectiles d'un côté et de lacrymogène de l'autre, pour tenter de disperser les manifestants. Il y a eu des blessés dans les deux camps. Des enquêtes sont en cours.
Stanislas Cazelle, le préfet du territoire, appelle au calme tout en défendant l'action des forces de l'ordre. Il s'est exprimé au lendemain de ces scènes de violences sur Martinique 1ère radio, samedi 18 juillet 2020, dans l'édition de 7h.
 

La violence contre la police et la gendarmerie, ce sont des faits de nature pénale, il faut qu'il y ait une réponse pénale, il y en aura une et elle sera sévère (...). Nos compatriotes le comprennent. En revanche, il faut qu'il y ait aussi du dialogue (...).

Sur la chlordécone, il y a eu beaucoup d'échanges aussi sur la préparation du plan 4, et ces échanges vont continuer après les grandes vacances et sur un certain nombre de difficultés économiques et sociales que va connaître la Martinique.

 

"La violence sera réprimée"

Il y a aussi des échanges avec à la fois des professionnels, des associations, des représentants d'entreprises ou les syndicats des salariés, donc du dialogue, il y en a et on continuera (...).

En revanche, la violence, elle, sera réprimée. 

 

"Il n’y a aucune réponse de l’Etat" (Parti Progressiste Martiniquais)


Parmi les réactions officielles par voie de communiqué, il y a celle du PPM (Parti Progressiste Martiniquais), qui "déplore les tensions et violences" et demande à l'Etat "de prendre en compte l’expression de la colère qui monte".
 

L’absence de réponses claires et le silence de l’État deviennent exaspérants face aux problématiques majeures que vivent les Martiniquais, notamment celles de l’empoisonnement au chlordécone.
Malgré l’identification formelle des responsables grâce à la commission d’enquête parlementaire, il n’y a aucune réponse de l’Etat.

Johnny Hajjar - secrétaire général du PPM


Le PPM ajoute qu'"il n’y aura pas de paix sans justice réparatrice".


Péyi-A demande "de claires explications"


Dans un courrier adressé au préfet Stanislas Cazelle, les deux co-présidents de la mouvance indépendantiste Péyi-A, s'interrogent sur des arrestations jugées "excessivement musclées"

Le député du sud, Jean-¨Philippe Nilor et le maire du Prêcheur, Marcellin Nadeau, estiment que les forces de l'ordre ont commis "l'irréparable, en s'en prenant sans ménagement et sans respect à notre tambour martiniquais, symbole de la résistance et de l'unité de notre peuple".  

Les deux élus demandent au représentant de l'Etat, "de claires explications", car ajoutent-ils "nous ne saurions accepter l'inacceptable"
 

"Une justice coloniale" (Louis Maugée -Combat Ouvrier)


De son côté, Combat Ouvrier, "dénonce vigoureusement la brutalité policière et les comportements racistes qui l’ont accompagnée".
Le journal communiste révolutionnaire "réaffirme sa solidarité avec ceux qui dénoncent une justice coloniale toujours prête à s’abattre sur les manifestants contre les exactions des pollueurs au chlordécone, et se montre clémente vis-à-vis de ces mêmes empoisonneurs".
 

"Glorieuse prise de guerre des pandores, le tambour d'un manifestant (GRS)


Pour le Groupe Révolutionnaire Socialiste (GRS), la confiscation d'un tambour par les forces de l'ordre ne passe pas.
"L'État colonial est-il simplement miné par des provocateurs nichés dans l'appareil d'État ou a-t-il décidé d'entrer dans une confrontation musclée avec les peuples des dernières colonies" se demande le GRS de Martinique, sous la plume de son porte-parole, l'historien Gilbert Pago.
 

Au vu des événements de Fort de France et de "l’île de Guyane "(pour parler comme les ignorants qui dirigent l'Etat), la question se pose.

La glorieuse prise de guerre des pandores (le tambour d'un manifestant devant le commissariat de Fort de France) a fonctionné comme une provocation inadmissible.

Les brutalités policières qui ont suivi ajoutent à l'intolérable.

GRS


Enfin, le Groupe Révolutionnaire Socialiste "met en garde les autorités sur les conséquences qui pourraient en résulter aussi bien en Martinique qu'en Guyane".