Tentative d'intrusion à la résidence préfectorale en Martinique : "si le Parquet était vraiment à la recherche de la vérité, je ne serais pas devant vous", lance Rodrigue Petitot à la barre

Concertation entre les avocats de la défense le jour du procès de Rodrigue Petitot, le 21 janvier.
Le leader du RPPRAC, Rodrigue Petitot, est jugé mardi 21 et mercredi 22 janvier au tribunal correctionnel de Fort-de-France. Il comparaît pour s'être introduit dans la résidence du Préfet, à Fort-de-France, en novembre dernier. Le procès des trois autres prévenus a été renvoyé au 31 mars.

"Si le Parquet était vraiment à la recherche de la vérité, je ne serais pas devant vous", lance Rodrigue Petitot, le leader du RPRAAC, à la barre. Il est jugé ce mardi 21 janvier pour une tentative d'intrusion dans la résidence du préfet, le 11 novembre dernier. Ce procès très attendu va durer deux jours au tribunal correctionnel de Fort-de-France.

Ce matin, ils étaient quatre membres du RPRAAC à comparaître : Gwladys Roger, Mario Briand et Florence Saint-Pierre ainsi que Rodrigue Petitot. Les trois premiers ont vu leurs procès renvoyés au 31 mars. Il est reproché à ces derniers d'avoir accompagné leur chef de file devant la résidence préfectorale. Ils ont filmé la scène pour la diffuser en direct sur les réseaux sociaux.  

À lire aussi >>> Tentative d'intrusion à la résidence préfectorale en Martinique : la demande de renvoi rejetée pour Rodrigue Petitot, leader du RPPRAC

 Le "R" ne reconnaît aucun des chefs d'accusation

La justice reproche à Rodrigue Petitot, surnommé "Le R" par ses soutiens, de s'être introduit sans autorisation dans la résidence préfectorale le 11 novembre, "d'abord à l'aide d'un véhicule, puis à pied", a énoncé Thomas Lamorelle, le président du tribunal, en début d'audience.

Le meneur du RPPRAC est également poursuivi pour "menaces et actes d'intimidation" envers le représentant de l'État, a ajouté le magistrat. 

Répondant aux questions du président du tribunal, Rodrigue Petitot ne reconnaît aucun des chefs d'accusation qui lui sont reprochés dans l'affaire dite de la résidence préfectorale.

De son côté, l'avocat du préfet Jean-Christophe Bouvier rappelle que la tentative d'intrusion a eu lieu dans le "domicile privé" du préfet. "À partir du moment où il constitue son domicile, les règles du respect de la liberté individuelle s'appliquent. Celui-ci est inviolable et sacré", commente Maître Alban-Kévin Auteville.

"On veut incarcérer le symbole de la vie chère (...). Tout est fait pour éteindre le vrai combat", a indiqué le prévenu, qui comparaît détenu. 

Je ne reconnais pas être auteur de violation de domicile. Je suis arrivé, la barrière était ouverte.

Rodrigue Petitot

À la barre, le député Jiovanny William considère qu'une rencontre entre Rodrigue Petitot et le ministre des Outre-mer était déjà urgente en novembre et que celle-ci reste urgente aujourd'hui.

Oui, pour moi, il y a urgence [à rencontrer le ministre] car ce mouvement social a fait un travail conséquent sur ce dossier-là. Je pense que c'est important. Nous allons toucher deux mots au ministre Valls cette semaine.

Député du groupe socialiste et apparentés, Jiovanny William

Foule à l'extérieur du tribunal

À la sortie du tribunal, la foule s'amasse. Ils sont nombreux venus soutenir le président du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro Caribéennes (RPPRAC). À la mi-journée, une source policière recensait 550 manifestants.

"Ce qu'on fait au "R", c'est une injustice", s'est indignée Christiane, une manifestante de 69 ans venue de Rivière-Pilote, durant une suspension d'audience. "La vie est très chère", a ajouté cette retraitée, qui a fait part de son intention de revenir manifester devant le tribunal mercredi.

Foule devant le tribunal, ce mardi 21 janvier. ©Martinique la 1ère

En soutien à Rodrigue Petitot, l'intersyndicale du port annonce, ce mardi en fin de journée, la suspension des opérations sur le port à Fort-de-France.

À lire aussi >>> Les entrées et sorties de conteneurs suspendues au port de Fort-de-France

Témoins

Aude Goussard, secrétaire du RPPRAC, comparaîtra comme témoin mercredi matin, lors du procès. Elle était interviewée ce matin dans la matinale du 21 janvier.

Interview d'Aude Grossard, secrétaire du RPPRAC dans la matinale de Martinique la 1ère, le 21 janvier. ©Martinique la 1ère

Mario Briand, Florence Saint-Pierre et Gwladys Roger seront également entendus par le tribunal mercredi matin, mais en tant que témoins. Alexandre Ventadour, de la Collectivité territoriale de Martinique, comparaîtra aussi à la barre comme témoin.

"Une procédure malmenée"

Du côté des avocats de la défense, Maître Eddy Arneton indiquait, ce mardi midi, que "c'est une procédure qui a été malmenée". "Nous espérons que la juridiction va en tenir compte. Les incidents de procédure vont être joints aussi, nous avons certainement évoqué l'affaire au fond dans le courant de l'après-midi", avait-il ajouté.

L'interview de Maître Eddy Arneton par Mike Irasque à la mi-journée.

Interview d'Eddy Arneton, avocat de la défense, par Mike Irasque ©Martinique la 1ère