Frantz Fanon a disparu le 6 décembre 1961, quelques mois avant l’indépendance de l’Algérie pour laquelle il s’était résolument engagé. Son essai "Peau noire, masques blancs" reste l’un des livres les plus connus et les plus étudiés. Pourquoi faut-il lire ou relire cet ouvrage publié en 1952 ?
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Mercredi 6 décembre 1961, la nuit envahit peu à peu l’hôpital militaire de Bethesda, dans le Maryland, près de Washington. Dans une chambre, en silence, une poignée de proches assistent, impuissants, au décès d’un homme de 36 ans, vaincu par la leucémie. Le traitement reçu à Moscou n’aura pas permis d’enrayer le mal insidieux dont il souffre. La vie de Frantz Fanon s’éteint, mais son œuvre commence à passer à la postérité, ô combien.
Peu de temps après son affectation à l’hôpital psychiatrique de Blida en 1953, Frantz Fanon s’est montré intransigeant dans son engagement contre l’asservissement de l’homme. Il choisit l’Algérie opprimée contre la France coloniale après avoir choisi la France opprimée contre l’Allemagne nazie dix ans plus tôt. Fanon reste encore méconnu de ses compatriotes. Il est vrai qu’il a livré bataille en d’autres terres que son terroir natal, bien qu’il ait puisé en Martinique son énergie, son courage et sa lucidité.
Qui sait que le docteur Frantz Fanon, psychiatre formé à Lyon, a apporté sa pierre à l’édifice de la médecine mentale en pays dominé ? Impuissant face à la douleur de ses patients maghrébins, il a dû revoir ses bases théoriques. S’inspirant de son expérience de victime du racisme durant son engagement dans les rangs des FFL (Forces Françaises Libres), il a synthétisé celle-ci avec ses observations cliniques dans "peau noire, masques blancs", publié aux Éditions du Seuil en 1952.
Écrit dans un style alerte par un bon écrivain nourri aux belles-lettres et à la réflexion philosophique, une habitude acquise lors de sa fréquentation de la faculté de lettres pendant ses études de médecine, cet essai bouleverse les règles d’une discipline qui s’avère inopérante pour comprendre et soigner la folie chez les colonisés.
Six décennies plus tard, "Peau noire, masques blancs" n’a pas pris une ride. Soit le monde n’a pas changé, soit Fanon était en avance sur son temps. Dans les deux cas, cela laisse songeur.
Peu de temps après son affectation à l’hôpital psychiatrique de Blida en 1953, Frantz Fanon s’est montré intransigeant dans son engagement contre l’asservissement de l’homme. Il choisit l’Algérie opprimée contre la France coloniale après avoir choisi la France opprimée contre l’Allemagne nazie dix ans plus tôt. Fanon reste encore méconnu de ses compatriotes. Il est vrai qu’il a livré bataille en d’autres terres que son terroir natal, bien qu’il ait puisé en Martinique son énergie, son courage et sa lucidité.
Qui sait que le docteur Frantz Fanon, psychiatre formé à Lyon, a apporté sa pierre à l’édifice de la médecine mentale en pays dominé ? Impuissant face à la douleur de ses patients maghrébins, il a dû revoir ses bases théoriques. S’inspirant de son expérience de victime du racisme durant son engagement dans les rangs des FFL (Forces Françaises Libres), il a synthétisé celle-ci avec ses observations cliniques dans "peau noire, masques blancs", publié aux Éditions du Seuil en 1952.
Écrit dans un style alerte par un bon écrivain nourri aux belles-lettres et à la réflexion philosophique, une habitude acquise lors de sa fréquentation de la faculté de lettres pendant ses études de médecine, cet essai bouleverse les règles d’une discipline qui s’avère inopérante pour comprendre et soigner la folie chez les colonisés.
Six décennies plus tard, "Peau noire, masques blancs" n’a pas pris une ride. Soit le monde n’a pas changé, soit Fanon était en avance sur son temps. Dans les deux cas, cela laisse songeur.