Gérant de stations-service, un métier très particulier

Les quatre compagnies, Total, Vito, Esso et Kap, se partagent chez nous les 87 stations de l’île.
Les stations-service, voilà un secteur plutôt discret sur ses activités. Comment fonctionnent les stations de l’île ? Gênèrent-elles autant d’argent que le dit la rumeur ? Non, selon le porte-parole des gérants alors même que la CGTM Pétroliers ne semble pas partager ce point de vue. 
Steeve Victoire est le patron des gérants des stations-service de Martinique. Il a accepté de s'exprimer sur la profession, mais il tient à mettre les points sur les i, "non, les gérants ne roulent pas sur l’or. En tout cas, pas tous". 
Certains, de son aveu, "ne gagnent pas d’argent", pire, ils croulent sous les dettes. 

La faute, selon le gérant des gérants, à des marges désespérément basses réalisées sur les carburants. 9% pour un plein et environ 1 euro pour la bouteille de gaz.

Un montant fixé par l’État et qui n’a pas bougé depuis des années, alors que selon Steeve Victoire, "les charges augmentent dans le même temps".

Les boutiques sont très importantes, elles offrent un peu d’air aux gérants. D'ailleurs, c’est pour ces mêmes raisons que certaines stations permettent à des fast-foods de s’installer chez elles, comme on en voit en certains endroits. 
Mais ce modèle n’est pas transposable partout. En effet, c’est la compagnie pétrolière, propriétaire de la station, qui décide de ce qu’elle veut y mettre que ce soit une boutique, un fast-food ou les deux. 
 

Vito et Total sont les leaders


Quatre compagnies, Total, Vito, Esso et Cap, se partagent chez nous les 87 stations de l’île. Le centre est la zone la plus dotée avec 50% des stations-service. 

Le secteur représente plus d’un millier de salariés. Du personnel dont on se demande s’ils resteront encore longtemps dans les stations. Dans 70% des stations, il n'y a qu'un à deux pompistes. 

Par ailleurs, l'automatisation des pompes tant redoutée par le personnel pourrait, en effet, se généraliser. Selon les gérants, son arrivée est inéluctable. Les pompistes pourraient ne pas être les seules victimes de ce changement majeur puisque des postes de gérants pourraient aussi être supprimés. 
 

Des départs négociés


Mais qu'en est-il de l'AIP, Accord Interprofessionnel Pétrolier, en vigueur depuis juin 2008 ? C'est Gabriel Jean-Marie de la CGTM Pétroliers, qui dévoile ce document dont les gérants ne veulent pas parler. 

Ce texte, signé par les gérants et les compagnies pétrolières, institue une prime de fin de gérance, il s'agit d'une indemnité de départ pour les gérants en fin de contrat.
Une prime pour compenser la "précarité" à laquelle sont soumis les gérants, employés, pour la plupart, en CDD, par les compagnies, propriétaires des stations. Et les dédommagements sont parfois conséquents, jusqu’à 230 000 euros pour un seul gérant.

Selon le syndicat, ces cagnottes sont financées par le consommateur lui-même. En fait, une part du carburant distribué aux automobilistes sert à alimenter un fonds d’indemnisation pour les gérants. Le montant de la part est de 0,007 centime par litre. 
Une misère, pourrait-on penser. Mais les sommes deviennent très vite importantes, rapportées aux quantités de carburants distribuées chaque jour en Martinique. Pour information, plus de 25 millions d’euros ont été collectés en 11 ans par les compagnies.

Ce dispositif arrive à son terme puisque le fonds devrait être supprimé dans six mois, en juin 2019, date d’échéance de l’accord. Des prolongations restent envisageables, à cause de suspensions enregistrées durant l’accord. Mais il est quasiment acté que le dispositif ne sera pas reconduit. Plusieurs élus ont déjà fait savoir qu’ils s’y opposeraient.