Instituteur de métier, syndicaliste, militant anticolonialiste depuis son jeune âge, Gesner Mencé n’a cessé de s’engager aux côtés des jeunes de son pays. Pédagogue, cadre sportif, militant associatif, membre du Parti communiste martiniquais, l’homme était toujours prêt à partager sa riche expérience avec qui le sollicitait.
Parmi ses nombreux engagements, il a été l’un des fondateurs de l’Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique, l’OJAM, en 1962. Ce qui lui a valu dêtre arrêté avec 17 de ses camarades, d’être emprisonné à Fort-de-France puis à Paris et traduit devant la Cour de sûreté de l’Etat, un tribunal d’exception jugeant les opposants politiques, en novembre et décembre 1963.
Gesner Mencé a retracé l’épopée vécue de l’intérieur dans un livre de référence publié aux Editions Désormeaux en 2001, L'affaire de l'O.J.A.M., ou le "complot du Mardi-Gras". Il y raconte, documents à l’appui, le processus ayant amené à la création de l’OJAM jusqu’au procès en appel de cinq de ses militants, en avril 1964. Ce sont Henri Armongon, Hervé Florent, Manfred Lamotte, Rodolphe Désiré et Victor Lessort.
Un homme engagé jusqu’au bout de sa vie
Gesner Mencé ne sera pas condamné, étant l’un des quatre militants de l’OJAM remis en liberté avant le procès. Réintégré à l’Education nationale, il deviendra conseiller pédagogique et formateur à l’Ecole normale.
Il ne cesse pas pour autant son activité militante tous azimuts.
Il sera l’un des membres fondateurs du Mouvement Populaire Franciscain (MPF). Selon Gilbert Pago, qui publie un communiqué d’hommage au nom du Groupe Révolution Socialiste (GRS), "son décès laisse un grand vide".
Il ajoute : "Sa grande constance fut qu’il est resté jusqu’à sa mort dans sa quatre-vingt-treizième année, un inébranlable militant anticolonialiste". De nombreux dirigeants politiques et citoyens peuvent attester que par sa lucidité, d’un naturel calme et affable, Gesner Mencé est demeuré un témoin avisé des luttes politiques de ces soixante dernières années en Martinique.
Hommages
L’Union des Femmes de Martinique salue la mémoire de Gesner MENCE. Militant anticolonialiste de toujours, il était aussi membre sympathisant de notre association et nous a toujours soutenu par sa présence, ses convictions, son enthousiasme, et aussi sa volonté de transmettre. Un de ses derniers engagements à nos côtés, ce sont les témoignages et les documents qu’il a mis à notre disposition pour le documentaire que nous avons publié en septembre 2022 « Yvette Mauvois, an fanm rasin kas ». À sa famille, à ses compagnes et compagnons de l’OJAM, à ses camarades militant.es nous adressons nos très sincères condoléances et nos salutations féministes.
Rita Bonheur, présidente de l'Union des Femmes de Martinique (UFM)