Gilets jaunes : le président Macron parle mais ne met pas fin à la crise

Des "gilets jaunes" manifestent près de la place de l'Etoile, à Paris, le 8 décembre 2018.
Un mois après le débat de la crise dite des gilets jaunes, le président de la République s’est exprimé ce lundi 10 décembre 2018 dans une allocution radio-télévisée. Le pouvoir d’achat a été au centre de son discours à forte teneur politique.
 
Le président a parlé. Il dit avoir entendu les gilets jaunes. Il a pris une série de décisions destinées à revaloriser le pouvoir d’achat. Et il se dit disposé à infléchir sa manière de faire de la politique, en redonnant leur place aux élus de base, les maires, et aux corps intermédiaires, syndicats et patronat.

En 13 minutes, le chef de l’État a voulu désamorcer la crise sociale et politique qui dure depuis un mois. La décision la plus attendue, la hausse du SMIC, est de 100 euros, près de 9%. Une augmentation financée sur le budget de l’Etat et non par les entreprises, selon un mécanisme qui reste à révéler. Un peu moins de la moitié des salariés du privé sont concernés en Martinique, contre un quart en France.
 

Amortir la perte de pouvoir d’achat


Une prime exceptionnelle de fin d’année sera versée dans les entreprises qui le peuvent. L’annulation de la hausse de la CSG sur les pensions de retraites de moins de 2 000 euros est actée. Et les heures supplémentaires seront exonérées de charges sociales et d’impôts.

L’impôt de solidarité sur la fortune, l’ISF, jugé inefficace et dissuasif, ne sera pas rétabli. La taxe carbone, l’élément déclencheur de la crise, est oubliée. Le gazole ne sera donc pas taxé outre mesure l’année prochaine.
Bien entendu, ces décisions reçoivent un écho contrasté. Certains déplorent qu’elles interviennent trop tard et qu’elles relèvent du symbole. D’autres estiment qu’elles sont réalistes, proportionnées et réfléchies. Ces décisions ont cependant le mérite de marquer une inflexion du quinquennat, la première.
 

Une situation explosive connue de longue date


Elles permettent aussi de comprendre que la situation complexe de laquelle hérite le locataire de l’Elysée résulte de 40 ans de gestion à crédit du pays. Une analyse connue de longue date, ressassée par les analystes.
Élu sur la nécessité de réformer les pratiques politiques, ce en quoi il a échoué, Emmanuel Macron  tente de sauver ce qui peut l’être de son programme. Rien ne dit que son discours y suffira, tant l’impatience est grande.