Gouverner par la peur ou gouverner par la raison face à la pandémie ?

Face à la pandémie du coronavirus, la peur doit-elle nous dominer au point de remettre en cause le modèle social de la civilisation humaine ?
Gouverner par la peur. C’est la voie choisie par notre gouvernement pour affronter la pandémie de coronavirus. Devant la connaissance partielle de ce nouveau virus, de nombreux pays se sont persuadés que la communication la plus efficace envers leurs concitoyens consistait à susciter leur crainte de l’inconnu. Laquelle a aisément prospéré sur l’habituelle peur de la maladie, de la souffrance, de la mort.

Tous les gouvernements n’ont pas choisi cette voie. La Chine, la Corée du sud, Taïwan, le Vietnam ont choisi le confinement par zones et des tests massifs dès l’apparition du virus. Au Sénégal, en Tunisie, au Rwanda, l’accent a été mis sur l’information à outrance de la population, jeune en majorité. Dans ces pays et dans de nombreux autres, il a été demandé aux citoyens leur collaboration active.

Il reste à savoir si notre gouvernement pouvait déployer, dans les premières semaines de la pandémie, une autre stratégie que celle de la restriction des libertés individuelles. Faute de masques de protection et de tests de dépistage et face aux divisions étalées au grand jour des experts, il a choisi de gérer la crise sanitaire par la pénurie et en jouant sur la crainte de chacun de tomber malade.
 

Raison d’avoir peur et peur d’avoir raison


Il reste que nous avons raison d’avoir peur. L’épidémie reste virulente, partout sur la planète. Est-ce une raison suffisante pour perdre notre libre-arbitre ? Une question à laquelle ont répondu nos dirigeants en décidant, enfin, de gouverner par la raison.

Ce que les citoyens souhaitent depuis longtemps. Informé des risques encourus, chacun peut prendre ses responsabilités. Nous nous soumettons volontiers à la pression sociale. Rares sont ceux qui refusent d’appliquer les recommandations.

Nous avons raison d’avoir peur, mais nous avons autant peur d’avoir raison quant aux dégâts occasionnés sur notre vie sociale. Nous savons que la crise sera beaucoup plus sévère que les prévisions les plus pessimistes le laissent entrevoir.

Le monde d’après la crise ne sera pas le monde d’avant. Nous le pressentons tout en étant impuissants. Ce qui nous laisse le temps de la méditation sur notre humaine condition, brusquement remise en question.