Grève nationale des enseignants : revendications multiples en Martinique

Rassemblement d'enseignants en grève devant la tour Lumina à Fort-de-France (image d'illustration).
Jeudi 13 janvier 2022, les enseignants du primaire et du secondaire seront en grève en Martinique, un mouvement national pour protester contre la gestion gouvernementale de la pandémie de Covid-19. Perturbations en perspective dans les écoles, collèges et lycées.

La grève dans l’éducation nationale devrait être très suivie ce jeudi 13 janvier 2022 par les enseignants du primaire et du secondaire. D'après les 7 syndicats à l’origine du mouvement, les mesures gouvernementales provoquent "une désorganisation massive du système scolaire".  

Des revendications multiples  

Les organisations demandent notamment "le recrutement de personnels de santé scolaire, la distribution de masques et d’autotests, ainsi qu’une clarification du protocole sanitaire". Celui-ci a été allégé le 6 janvier dernier, en pleine flambée épidémique, ce que dénoncent la communauté éducative.  

En Martinique, la FNEC FP-FO observe "le peu de moyens supplémentaires" et réclame, "un protocole adapté, un suivi régulier des conditions sanitaires dans les établissements, des masques FFP2 en quantité suffisante, le recrutement d’infirmières scolaires, de médecins scolaires, de médecins de prévention à hauteur des besoins", ou encore "la réintégration de tous les personnels suspendus, l’arrêt de toutes pressions pour effectuer du télé-enseignement", et "un vrai salaire et un vrai statut pour les AESH (Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap)."   

"Exaspération" et "colère de la profession"  

De son côté, le SE-UNSA du primaire estime que si les dernières mesures du 6 janvier "semblent simplifier le quotidien des familles et réduire les files d’attente en laboratoires et pharmacies, elles ne répondent en rien à l’exaspération et la colère de la profession, sur la méthode de la gestion de crise depuis des mois".  

Aucune attente réelle des personnels n’a fait l’objet de mesures : livraison rapide de masques chirurgicaux, suppression du cumul présentiel/distanciel, recrutement de personnels en nombre, suppression du caractère obligatoire des évaluations de mi-CP, priorisation de l’accueil de leurs enfants, équipement en masques FFP2 pour les personnels qui le souhaitent (…). Les personnels ont besoin de comprendre ce qu’ils font et pourquoi ils le font. Ils ont le droit d’être protégés et d’exercer dans des conditions de travail respectueuses. Si l’objectif de l’exécutif était de rassurer et faire retomber la colère, force est de constater qu’il la fait grimper toujours plus.

SE-UNSA

En outre, dans une lettre ouverte datée du 11 janvier 2022, le Syndicat des Enseignants de l’UNSA sollicite le soutien des parents d’élèves, en affirmant que "les nouveaux protocoles sanitaires et le manque de moyens, mettent sous pression l’école et les familles et transforment les enseignant.e.s en contrôleur/euse.s sanitaires".  

Aujourd’hui de trop nombreuses classes en écoles, collèges et lycées sont fermées par manque d’enseignant.e.s. Et, au lieu d’assurer les mesures de protection des personnels en service et de recruter des enseignants, des assistants d’éducation et des psychologues, le ministère de l’éducation, méprisant le métier d’enseignant.e.s, a préféré faire un appel à candidature auprès des étudiants, des retraité.e.s et des parents d’élèves pour les remplacer.

Marie Michelle Toussaint - secrétaire générale du SE-UNSA Martinique

"Ça suffit !"  

Quant au SNES-FSU pour les collèges et lycées, il dit à l’Etat "ça suffit", estimant que "cela fait deux ans que l'ensemble des personnels portent à bout de bras le fonctionnement des établissements". Avec la multiplication des cas positifs ou cas contacts, les classes se vident et les professeurs ne sont pas épargnés, "ce qui perturbe les apprentissages".  

Ce n'est plus possible de continuer comme ça. A l'heure où on parle des FFP 2, c'est seulement maintenant que dans sa très grande largesse, le Premier ministre nous offre des masques chirurgicaux, c'est inacceptable (…). Le SNES-FSU veut qu'on puisse ouvrir les établissements mais dans des conditions acceptables, pour la santé des personnels et de nos élèves naturellement (…).

Les apprentissages se passent difficilement, quand on a une classe de 10 ou de 4, est-ce qu'on peut raisonnablement faire un cours comme si la classe était au complet ? Sachant qu'en mars il y a des épreuves et que le ministre ne veut strictement rien entendre, alors que depuis le début nous demandons que ces épreuves soient repoussées (…). Personne n'est prêt parce qu'on ne peut pas travailler avec toute une classe. Quand il y a 10 élèves, ça veut dire qu'il y en a à peu près 15 qui n'ont pas suivi le cours (…). Donc aujourd'hui il y a de vraies difficultés pédagogiques qui sont posées par cette crise sanitaire.

Valérie Vertale-Loriot - co-secrétaire du SNES-FSU en Martinique, sur Martinique 1ère radio

Les établissements scolaires devraient connaitre des perturbations durant cette journée de mobilisation du 13 janvier 2022.