Le tribunal de commerce de Fort-de-France a prononcé la liquidation à effet immédiat.
Le choc
Même s'ils se disaient préparés, les salariés étaient sous le choc. "À l'annonce de la décision, il y a eu un silence", raconte un confrère sur place.
"C'est une nouvelle difficile à entendre, on est tous sous le choc. On s'y attendait mais à l'annonce de cette décision, ça fait mal. C'est deux ans de gâchis. On a gardé espoir jusqu'au bout mais là c'est la fin", avoue avec beaucoup d'émotion Mélinda Boulai, délégué syndical SNJ (Syndicat National des Journalistes).
Les journalistes de la rédaction semblaient résignés avec un texte annonçant la fin du journal publié à la une du quotidien ce jeudi matin (30 janvier 2020).
Selon Rodolphe Lamy, représentant des salariés, une unique et dernière parution est prévue ce samedi 1er février 2020. Par ailleurs, l'activité devrait se poursuivre jusqu'au 6 février 2020.Chers lecteurs, Vous avez entre vos mains la ou l'une des dernières éditions de votre journal France-Antilles créé en 1964. Le tribunal de commerce de Fort-de-France devrait prononcer, ce matin, la mise en liquidation de sa société éditrice détenue par AJR Participations.
Aussi, les Antilles et la Guyane seront les premières et donc les seules régions de France à être privées d'un journal quotidien. Mais au-delà de cette triste première, le record, et sans doute le seul à vraiment retenir, est celui du cataclysme social engendré qui jette à la rue 235 salariés et leurs familles de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane. Un pan du patrimoine de la presse martiniquaise et un des marqueurs clés de l'identité de notre pays s'effondrent. Souhaitons que cette disparition renforce la volonté des citoyens martiniquais à se battre encore davantage pour le maintien et le développement de médias locaux ayant uniquement le souci d'une diffusion d'informations plurielles vérifiées et vérifiables.
La Rédaction
Des réactions de désolation de part et d'autre
Les 235 salariés de Guadeloupe, Guyane et Martinique de la société se retrouvent donc sans emploi du jour au lendemain. "Ce n'est pas évident, après plus de 50 ans que le journal existe en Guadeloupe. On ne peut pas accepté que le journal s'arrête comme ça surtout qu'il ne faut pas oublier qu'il y a 96 pères et mères de famille qui travaillent à France-Antilles Guadeloupe et là ils ont perdu leur emploi parce que AJR participation n'a pas la somme demandée", explique Fabrice M'Toumo, délégué syndical UTT UGTG à France-Antilles Guadeloupe.
"Nous sommes en colère, rien n'a été fait pour maintenir le journal. Nous savons comment faire un journal. Les pères et mères de famille qui travaillent en Guadeloupe savent comment travailler. Mais ils n'ont jamais adapter le journal à nos lecteurs. Faut le dire, le journal n'était plus adapté à nos lecteurs, à l'île", poursuit-il.
Les réactions n'ont pas tardé après l'annonce de la liquidation par le tribunal. Autant chez les politiques, les professionnels que les lecteurs.
Le journal avait été créé en 1964 et était présent avec une publication quotidienne sur les trois départements, Guadeloupe, Guyane et Martinique.France Antilles c'est comme Air France, la Poste ou RFO, ils nous irritent, on les critique, on va même voir ailleurs ... mais l'idée qu'ils disparaissent de notre vie aux Antilles nous est insupportable et pourtant ! France Antilles liquidée, je n'arrive pas à y croire !
— Gilles Gressier (@GillesGressier) January 30, 2020