Guyane : la force et la fierté restent à la rue

Plusieurs milliers de Guyanais sont dans les rues le mardi 28 mars
La grève générale se poursuit en Guyane, où deux ministres sont arrivés mercredi soir. Après une semaine de mobilisation encadrée par les collectifs citoyens, l’heure n’est pas encore à l’entente entre la population et le gouvernement.
Ici, tout est urgent, tout est plus lent, tout est frustrant. C’est le tableau peint par la population guyanaise mobilisée dans un calme fait de détermination et de la certitude que le combat mené est légitime. Les ministres arrivés sur place sont mandatés pour prendre des décisions pour le court et le long terme.
 
Et notamment, le Pacte d’Avenir pour la Guyane, un document de 60 pages fixant les engagements de l'Etat pour favoriser le développement du territoire. Tous les domaines sont concernés : transports, logement, foncier, environnement, éducation, culture, santé, sécurité, désenclavement, soutien aux collectivités locales. Cet ambitieux plan d’investissement coûte environ 2,5 et 4 milliards d'euros sur 15 ans. Il reste à arrêter un cadre juridique contraignant pour que l’Etat honore sa signature au-delà des changements de gouvernement.
 
A ce document élaboré depuis décembre 2013, de multiples revendications ont été ajoutées pour demander le maximum avant la fin du quinquennat. Car les retards sont importants dans tous les domaines, davantage en Guyane qu’en Guadeloupe ou en Martinique, où nous pouvons paraître comme relativement privilégiés par rapport à nos cousins d’Amazonie.
 
Ceci étant, sachant que les mêmes causes produisant les mêmes effets, les signes d'une crise latente sont visibles chez nous aussi. D’ailleurs, dans quel territoire de l’outre-mer le moral est-il au beau fixe et les affaires florissantes ?
 
A l’instar des Guyanais, nous pouvons dire : "Si nous sommes Français, donnez comme ailleurs à nos enfants les moyens de réussir à l’école, à nos aînés des pensions de retraite décentes, à nos chômeurs du travail, à nos entrepreneurs des libertés, à nos peuples de l’oxygène ".
 
Nos gouvernants, du haut de leurs certitudes, comprendront-ils que l’impatience ne se mesure pas ? Que le sentiment d’injustice est indélébile ? Qu’il est des cris annonciateurs de révolte ?