Haïti : la communauté humanitaire préoccupée par les ravages du choléra et le défi sécuritaire

Le personnel médical assiste des patients présentant des symptômes de choléra dans une clinique dirigée par Médecins sans frontières à Port-au-Prince.
L’Organisation des Nations Unies a lancé un appel de fonds humanitaires de 145 millions de dollars pour Haïti, confronté à la propagation d’une épidémie de choléra depuis octobre dernier, mais cette main tendue ne mobilise pas suffisamment. Parallèlement dans le pays, "l'insécurité continue de sévir, avec des rapports vraiment effrayants sur les violations des droits de l'homme", témoigne une représente de l’ONU.

Depuis que cette épidémie de choléra s'est déclarée en Haïti le 2 octobre dernier, "283 personnes sont décédées, près de 12.000 ont été hospitalisées et plus de 14.000 cas suspects ont été enregistrés" rapporte Ulrika Richardson, coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies à Port-au-Prince.

Ce que nous voyons en fait, ce n'est pas seulement l'augmentation continue des cas de choléra, mais aussi la propagation dans les régions. Dans huit des 10 départements, il y a des cas confirmés et c'est une tendance inquiétante pour nous et pour le pays. 

Ulrika Richardson

C’est dans ce contexte qu'a été lancé en novembre dernier, un appel urgent, pour "une assistance vitale à 1,4 million de personnes vivant dans les zones touchées. Quelque 23,5 millions de dollars ont été reçus à ce jour".

Une femme utilise une serviette pour éloigner les mouches de sa fille atteinte de choléra, dans une clinique dirigée par Médecins sans frontières à Port-au-Prince, Haïti, le vendredi 11 novembre 2022. (AP Photo/Odelyn Joseph)

D’"immenses besoins" 

En fait, les besoins humanitaires continuent d'augmenter (…). L'ONU prépare actuellement le plan de réponse humanitaire 2023 pour Haïti, qui prévoit 719 millions de dollars, soit environ le double du montant demandé cette année. Pendant ce temps, l'insécurité continue de sévir, avec des rapports vraiment effrayants sur les violations des droits de l'homme.

Ulrika Richardson

"Les gangs se disputent le territoire"

Les gangs dominent près de 60% de la capitale, Port-au-Prince, et utilisent des moyens terrifiants pour contrôler la population, y compris la violence sexuelle. Les femmes et les filles sont touchées, mais les hommes et les garçons aussi, car les gangs se disputent le territoire. L'insécurité a également provoqué des déplacements massifs, en particulier dans la capitale. Quelque 155.000 personnes ont été déracinées, soit une augmentation de près de 80% depuis août. 

Ulrika Richardson

Ulrika Richardson (en bleu), coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies en Haïti, lors de la visite d'un centre de traitement du choléra à Port-au-Prince.

La représentante de l’ONU souligne toutefois "une évolution positive", en notant que "plus de la moitié des écoles ont rouvert, malgré tous les défis". 

Des défis multiples pour les Nations Unies sur place

Nous avons des défis logistiques et le défi de la sécurité, mais nous sommes capables d'être présents et d'aider les gens. Nous nous concentrons évidemment sur les plus vulnérables, mais nous essayons également de ne pas perdre de vue les véritables causes profondes structurelles. Il y a la corruption, il y a l'impunité, il y a la gouvernance, et tout cela doit vraiment être au centre de notre réflexion, à mesure que nous avançons.    

Ulrika Richardson, coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies en Haïti                 

 SOURCE : ONU (8 décembre 2022)