Haïti sous tension à l'approche du carnaval

La tribune présidentielle a été ravagée par un incendie
À quelques jours des festivités du carnaval, le climat est de plus en plus tendu en Haïti. Depuis le lundi 17 février 2020, les policiers manifestent pour réclamer de meilleures conditions de travail et le droit de créer un syndicat. Ils menacent de ne pas sécuriser le carnaval.
La manifestation de la colère des policiers a pris un nouveau tour en début de semaine avec l’incendie des stands installés près du champ de Mars pour les parades du carnaval.

La tribune présidentielle a été ravagée par les flammes. Les pompiers ne sont pas intervenus.
Ces incendies déclenchés à l’issue d’une manifestation de policiers ont détruits la quasi-totalité des stands déjà mis en place.
La colère n’est pas retombée, certains agents de la force publique défilent masqués et n’hésitent pas à tirer des salves en l’air avec leur arme de service.

Le Premier ministre démissionnaire d’Haïti Jean-Michel Lapin a fustigé mardi le comportement des policiers en dénonçant des "actes barbares" qui "ne cadrent pas avec la démocratie", tout en reconnaissant comme "justes" leurs revendications sur la revalorisation de leurs salaires, primes de risques et assurances.
Nouvelle escalade hier, à l’issue des manifestations, ce sont les équipements et chars destinés au carnaval qui ont été incendiés.
 

Pas d'annulation des festivités


Dans ce contexte, des voix s’élèvent dans la société civile haïtienne pour appeler à l'annulation du carnaval, au regard des immenses difficultés auxquelles le pays fait face.
Mais le chef du gouvernement intérimaire a assuré que les festivités se tiendraient aux dates prévues, et sur le parcours habituel.
Pas question, estiment les autorités, de priver la population de carnaval !

La population qui, selon l'expression de notre confrère Frantz Duval du Nouvelliste, le plus ancien journal d'Haïti, la population donc "qui se retient de vivre tant l’insécurité est forte, les kidnappings nombreux, la gourde sans force, la vie chère opulente, l’incertitude immense".