L’héritage d’Aimé Césaire est-il si lourd à porter en Martinique ?

Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France.
Ce mercredi 17 avril marque le 11e anniversaire de la disparition d’Aimé Césaire. Le poête et homme politique est décédé en 2008. Comment pouvons-nous mettre en valeur les leçons du Martiniquais le plus célèbre ?
De là où il se trouve, il doit bien rigoler, lui le Nègre qui a bien emmerdé les Blancs, devant nos fêtes votives en son nom, lui qui fuyait honneurs et médailles, distinctions et récompenses. Le meilleur hommage à rendre à Aimé Césaire serait de rester fidèle à ses engagements et à sa pensée, quitte à les questionner par une argumentation solide.

Or, sur le plan politique, le Parti progressiste martiniquais qu’il a fondé voici 60 ans assume avec peine une doctrine forgée au temps du colonialisme triomphant. Le PPM des années 2010 ne parvient plus à inscrire dans l’espace public le message d’émancipation de son fondateur, contribuant à l’affadissement idéologique de notre époque.
 

Un legs intellectuel et politique en jachère ?


Sur le plan littéraire, personne n’écrit comme lui. Heureusement, d’ailleurs. Chaque écrivain ayant son style, il vaut mieux ne pas l’imiter. Mais il se trouve qu’il n’a pas créé d’école, de chapelle. Tout en influençant celles et ceux qui lui ont succédé. Là n’est pas le moindre des paradoxes césairiens.
Sur le plan intellectuel, la légitimité de la Négritude est acquise. Ceci dit, sommes-nous tous conscients de l’importance de la part négro-africaine de notre culture ? Avons-nous tous compris que nous n’avons rien à quémander à quiconque pour exister au monde ?

Sur le plan humain, chacun éprouve une certaine fierté du fait que notre pays a produit un tel personnage de rang mondial. Césaire est fidèlement martiniquais : deux pas en avant, un pas en arrière, rusé comme un singe, doté du caractère péléen de celui qui subit longtemps l’adversité avant de se rebeller, de marronner.

Césaire ne cesse d’être aimé depuis qu’il n’est plus de ce monde. Pour mieux le lui prouver, il serait opportun de se plonger à nouveau dans son discours.