Incendie de l’usine Lubrizol : une catastrophe sanitaire à suivre de près aux Antilles

Photo prise le 26 septembre 2019 au Grand-Quevilly, la fumée s'échappe de l'usine Lubrizol classée Seveso en feu à Rouen (Seine-Maritime).
Pouvons-nous tirer des leçons de l’incendie de l’usine de produits chimiques Lubrizol, à Rouen, le 25 septembre 2019 ? Cet accident peut-il s’apparenter, dans ses conséquences judiciaires, à la crise du chlordécone ?
Deux poids, deux mesures ? L’accident industriel de Rouen et le scandale du chlordécone aux Antilles peuvent-ils être mis sur le même plan ? L’attitude de l’État doit-elle être similaire dans un cas comme dans l’autre ? Toutes choses étant égales par ailleurs, nous avons de quoi observer l’évolution de la situation avec vigilance.

Le préfet, plusieurs ministres et le Premier ministre sont intervenus dès les premières heures de la catastrophe de Rouen. Certaines de leurs déclarations ont été mal ressenties ou mal comprises par la population. La communication de crise n’est pas forcément cohérente. Vu l’ampleur de l’incendie et ses retombées, l’approximation est compréhensible.

L’agglomération de Rouen, pôle économique majeur de la Normandie, compte environ 500 000 habitants. À ce jour, 130 plaintes ont été déposées par des particuliers et par des collectivités locales.

La justice s’empare de l’affaire à la suite de la mobilisation immédiate de simples citoyens souhaitant être informés des risques qu’ils encourent. Les élus locaux ne sont pas en reste. L’entreprise propriétaire de l’usine doit désormais rendre des comptes.
 

Deux poids de mesures entre Rouen et les Antilles ?


Tous les agriculteurs seront indemnisés. Ils sont contraints de détruire leur production présumée souillée par la suie provenant du brûlage des produits toxiques entreposés dans l’usine. Rien là que de très banal en France. En France continentale, s’entend.

Après la tragi-comédie du nuage nucléaire de Tchenobyl en 1986, l’État a mis en place des procédures de prise en charge et de dédommagement des victimes d’accidents industriels ou sanitaires. Ces trente dernières années, les scandales du sang contaminé, de l’hormone de croissance, de la maladie de la vache folle ou de l’amiante ont été dévoilés. Leurs victimes ont été prises en compte.

Il est donc logique que les 800 000 Guadeloupéens et Martiniquais soient enfin entendus par les autorités sanitaires et judiciaires. Citoyens à part entière, nul doute que nous serons compris, un jour ou l’autre. Certes, cela donne trente ans que le scandale environnemental provoqué par le chlordécone a commencé. Le temps finira bien par nous donner raison aussi.