Jean-Marie Le Pen est décédé dans une maison médicalisée des Hauts-de-Seine en banlieue parisienne, mardi 7 janvier 2025, après quasiment 70 ans de vie politique. Le fondateur du Front National (en 1972), a été souvent controversé et condamné à plusieurs reprises durant cette longue carrière, pour avoir tenu des propos qualifiés par une partie de l’opinion et de la presse, de "racistes, fascistes et antisémites".
En Outre-mer et en Martinique en particulier, le leader de l’extrême droite française n’a jamais été en odeur de sainteté. Jean-Marie Le Pen a en effet été refoulé par deux fois sur l’île, en décembre 1987 où son avion n’a même pas pu atterrir en raison de l’envahissement de l’aéroport par des habitants hostiles à sa venue. Puis, en 1997, il est pris à partie par des autochtones, lors d’une escale à l’aérogare Aimé Césaire.
Réaction de l’État
Il a "joué un rôle dans la vie publique" qui "relève désormais du jugement de l’histoire" affirme l’Elysée. Le Premier ministre, François Bayrou, a pour sa part reconnu "une figure de la vie politique française", au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond".
franceinfo
Parmi les thèmes favoris de Jean-Marie Le Pen, il y avait l’immigration. Sa fille Marine, l'a repris à son compte, mais de manière plus nuancée, lorsque cette dernière s’est retrouvée à la tête du FN. Après avoir ajouté à son programme la lutte contre le pouvoir d'achat et l'insécurité, deux thématiques qui parlent à tous les Français et singulièrement aux Ultramarins, la dirigeante a décidé de changer l’identité du Parti en juin 2018.
"Trahison"
Exit le FN, métamorphosé en RN - Rassemblement National - avec comme objectif, la poursuite d’une stratégie de "dédiabolisation".
"L’œuvre de refondation que nous avons entreprise se poursuit plus que jamais", a-t-elle lancé lors de son discours à Lyon, annonçant une « grande mutation stratégique, technique et politique"(…). Avant même l’officialisation de ce nouveau nom, le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, a dénoncé une "trahison" dans un communiqué : "Le honteux effacement de son identité est le coup le plus rude que le Front National ait jamais reçu depuis sa fondation. J’en condamne les inspirateurs comme les exécutants. (...) Plus qu’une étiquette, c’est aussi une longue et courageuse histoire militante que l’on renie."
lemonde.fr (1er juin 2018)
Rupture bénéfique dans les urnes
Cette rupture idéologique semble avoir porté progressivement ses fruits dans les isoloirs aussi bien dans l’Hexagone qu’en Outremer, puisque l’électorat nationaliste s’est renforcé dans pratiquement l’ensemble des territoires ultramarins.
En effet, lors des dernières élections présidentielles en 2022, plus de 60% des Martiniquais ont préféré Marine Le Pen au 2nd tour, face au candidat Emmanuel Macron. Au total, 13 millions de suffrages se sont exprimés en faveur du RN à l’échelle de toute la France.
Le caillou dans la chaussure de la fille
Marine Le Pen a donc fait mieux que son père lorsqu'il s'est qualifié au second tour de la présidentielle en 2002, première et unique occasion de son parcours politique. En revanche, la fille est arrivée par deux fois déjà aux portes du pouvoir (en 2017 et 2022). Pour la prochaine échéance de 2027, plusieurs sondages anticipent déjà la patronne du RN en tête des intentions de vote au 1er tour.
Eu égard à ces résultats encourageants pour le Rassemblement National lequel peaufine encore sa "virginité politique" depuis le schisme opéré entre la fille et son père, on peut s’interroger : et si ce dernier était un "caillou" dans la chaussure de celle qui aspire encore à la fonction suprême ?
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