L’appel à projet pour l’hymne et le drapeau de la Martinique est ouvert le 7 novembre

L'ancien président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, Alfred Marie-Jeanne lors de la présentation du drapeau (mai 2019)
Les élus de l'Assemblée de Martinique ont évoqué leur méthodologie pour adopter un hymne et un drapeau. L’histoire de ces deux emblèmes reflète les rivalités entre l’actuelle et l’ancienne majorité.

Le 10 mai 2019, une cérémonie solennelle a lieu dans les jardins de la Collectivité territoriale de Martinique à Plateau Roy, à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions. La foule s’est massée devant un mat blanc dressé au pied d’un tapis rouge.

Soudain un hymne retentit. Un drapeau est hissé. Alfred Marie-Jeanne suit sa progression des yeux. Président à l’époque du conseil exécutif de la CTM, c’est lui qui a validé, à l'issue d'un appel à candidatures, ces deux emblèmes destinés à représenter la Martinique lors des manifestations culturelles et sportives à l'international.

Défilé de militants avec leur drapeau rouge-vert-noir

Le drapeau de la discorde

Peu lui importe le tombereau de critiques. Les partisans du drapeau rouge-vert-noir sont désappointés. "C'est l'hymne et le drapeau de la collectivité territoriale", mais pas ceux de la Martinique, disent-ils en chœur. La conque de lambi, dessinée au milieu de la bannière, est rejetée, ainsi que les paroles du chant qui montent vers le ciel.

Nou pep Matinik

Doubout dèyè ich nou mété yo douvan

Pou nou gadé lorizon

Anba son tanbou ranmasé tout fos ou

Solidarité

Pou goumen ba péyi nou

An ba fos lanmou

Jénes doubout lité

Goumen pou rivé

Pou tann Matinik chanté

Sé fos linion

Ka mennen nou

Nou tout la batjé

Pou fè Matinik kléré

Lorizon sé lespwa

Sé fos pou ni la fwa

Fwa pou nou wouvè

Chimen lanmou ba ich nou

Lorizon sé douvan

Sé fos pou pran balan

Balan pou goumen

Pou nou sové libèté

Décision annulée par la justice

Le 27 juin 2021, Alfred Marie-Jeanne perd son fauteuil au profit de Serge Letchimy, à l'issue du deuxième tour des élections territoriales. Cinq mois plus tard, l’hymne et le drapeau sont enterrés. Saisi par une association et plusieurs particuliers, le tribunal administratif de Fort-de-France annule la décision du président sortant au motif qu’elle n’a pas fait l'objet d'une délibération de l'Assemblée de Martinique.

Les élus de l'Assemblée de Martinique, plénière du 26 septembre 2022

Nouvelle consultation

Le 29 juin 2022, la CTM engage une nouvelle procédure pour doter la Martinique de deux nouveaux emblèmes. Le 28 juillet, une Commission ad hoc est créée. Le 12 octobre, ses dix membres se réunissent et arrêtent "la méthodologie du lancement de l’appel à projet pour l’adoption de l’hymne et du drapeau de la Martinique".

L’appel à projet est ouvert du 7 novembre au 2 décembre 2022. Peuvent y participer les adultes mais aussi les mineurs présentant une autorisation parentale. Les propositions seront recueillies sur une plateforme mise en ligne par la CTM ou par courrier adressé à la Commission ad hoc Hymne et drapeau – Hôtel territorial de Cluny, rue Gaston Defferre - Plateau Roy Cluny, 97200 Fort de France.

Devant un comité d'experts

Les projets seront analysés par un comité technique composé d’experts : artiste, historien, sociologue, écrivain, sportif, chef d’entreprise… Les hymnes devront durer au minimum une minute, respecter "les bonnes mœurs", et être accompagnés d’un texte expliquant le choix du rythme ou de l’arrangement. De la même façon, chaque proposition de drapeau devra être accompagnée d’un texte expliquant le choix des couleurs, dessins, graphies...

Les gagnants empocheront la somme de 8 000 euros. Les participants dont les œuvres seront classées en deuxième et troisième position se verront respectivement attribuer des prix de 4000 et 2000 euros.

Au terme de l’opération, la Martinique sera dotée d’un nouvel hymne et d’un nouveau drapeau.