L'Association Martiniquaise d’Education Populaire fête ses 50 ans

Les élèves de l'AMEP fête le 50e anniversaire de l'établissement.
L’AMEP (Association Martiniquaise d’Education Populaire), un cinquantenaire qui se porte bien ! C’est un flash mob qui a donné (1er octobre 2020) le coup d’envoi des manifestations qui s’étaleront tout au long de cette année anniversaire. Voici son histoire.
L’Association Martiniquaise d’Éducation Populaire (AMEP), née de la volonté de militants indépendantistes et progressistes n’a pas toujours été l’institution quasi incontournable que l’on connait aujourd’hui.

Octobre 1970, l’AMEP voit le jour dans le quartier Sainte Thérèse à Fort-de-France, dans une voie urbaine devenue depuis la rue de l’AMEP...

Georges Eudaric, professeur de mathématiques retraité en a été l’initiateur. Développant une pédagogie révolutionnaire. Son objectif : mettre en place une école de la seconde chance pour les exclus du système.

Il s’appuie sur des "précurseurs" guadeloupéens. Gérard Loriette, créateur d’outils pédagogiques pour favoriser la réussite des plus humbles à travers une éducation endogène (Français créole), mais aussi feu l’enseignant de philosophie Henry Bernard. Plus tard ce militant de l’Alliance Révolutionnaire Caraïbe sera l’un des prisonniers politique Guadeloupéens…pour sa participation présumée à des attentats.
 

Le soutien de la mairie de Fort-de-France


Contactée ensuite par Georges Eudaric, la municipalité foyalaise apporte son soutien au projet, en lui fournissant un site à Sainte Thérèse et en participant à la rémunération des enseignants.

En 1974, l’Amep s’installe à Redoute dans des bâtiments en bois avec la bénédiction d’Aimé Césaire, le maire de l'époque, qui accompagne les pionniers que sont Guitteaud et Harpin, de jeunes professeurs qui ont été étudiants à Moscou (Russie).

L’AMEP dispense un enseignement transversal. Pas de classes à proprement parler. Avec un principe : revoir les bases pour préparer examens et concours et révéler ce qui n’avait pas fonctionné dans l’enseignement public avec des élèves en situation d’échec scolaire. L’établissement devint vite le théâtre d’un véritable bouillonnement culturel.
 

"Un repère de subversifs"...interdit par le préfet de l'époque


À la fin des années 70, l’école n’est toujours pas reconnue. Le préfet d’alors la perçoit comme un repère de subversifs et en interdit l’ouverture. Aimé Césaire fait le contre poids et l’AMEP survit en payant ses éducateurs 3 fois moins que ceux du public.

En 1980 vint l’époque des bâtisseurs, en tête desquels Guy Cabord Masson. Jean-Louis Fonsat, jeune diplômé et Michel Feliot, intègrent l’aventure AMEP.
 

Terribles dissensions au cours des dernières années


À l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, ils demandent à Aimé Césaire de jouer les facilitateurs pour une rencontre avec les hommes de confiance de François Mitterand. Il faut solliciter la reconnaissance de l’AMEP pour accéder aux moyens financiers pour qu’elle se développe avec des subventions d’état.

Le pari fou est accueilli favorablement par le parti socialiste, et l’établissement se structure alors pour prendre son envol. Seul problème certains des acteurs historiques estiment que l’esprit initial en a été trahi.

Et pendant que la structure se développe on assistait à de terribles dissensions au sein de l’équipe militante qui avait conçu et accouché tant bien que mal de cet établissement d’éducation populaire qui rayonne aujourd’hui sur 4 sites en Martinique.