La saison des fruits à pain ponctue le temps, l’histoire et demeure un authentique marqueur culturel. Ce livre de 200 pages de Francine Narèce, paru chez l’Harmattan, conduit le lecteur aux détours de contes et de nouvelles au cœur d’un bon "migan" qui raconte et met en valeur "l’histoire du jardin", l'histoire de la Martinique.
Une immersion dans la nature avec des personnages truculents
Le fruit à pain est par excellence, une source d’inspirante pour Francine Narèce qui convie les lecteurs à travers diverses attitudes celle de Him (ce passant qui passait son temps à passer), de Zora Linda et bien d'autres acteurs.
Le jardin est un lieu où se mêlent "des multipliants, des rhododendrons comme si un peintre avait secoué des pinceaux.", un lieu qui met en lumière les passants, René, Léonie, Raymond, la jolie dame, les acheteurs de prune de Cythère, Maka pour ne citer que ceux-là.
Dans un style élégant, l’auteure conduit le lecteur a aimé "La saison de fruit à pain". Francine leur met en mémoire et dans le conte des dizaines de plantes : diapanna, soulié zombi, kaka betjé, kaka poul, brisé, toute une kyrielle de senteurs.
Des contes et des nouvelles qui éveillent
La plume de l’auteure se délecte, virevolte, fait tressaillir et emmène dans le monde "très saint seins, ceints", ou celui "de Rozan", de "Fabienne Dé" ou dans un archipel "lilki", dont elle a le secret avec les habitants de "lilkili", ceux de "lilkilipa", "lilkiveupa", "lilkipeupa", "lilkisepa". Il est vrai, l’auteur est franciscaine et sa ville natale comporte un chapelet d’îles.
Ce livre de 200 pages préfacé par le poète Arthur Briand est un jeu qui passe du réel à l’irréel, du rationnel à l’irrationnel obligeant le lecteur à savourer le conte et à réfléchir à travers des dessins énigmatiques.
Qui est l'auteure Francine Narèce ?
Née au Francois, elle a grandi non loin de la mer. Passionnée d’écriture, elle demeure une auteure prolixe.
En 2014, elle publie chez l’Harmattan "De l’olympisme au handisport, toutes les médailles sont d’or", un livre témoignage sur le courage de l’athlète Mandy François-Elie, dont les rêves de médailles d'or aux Jeux Olympiques furent brisés, après un accident vasculaire cérébral à l'âge de 19 ans.
2017, toujours chez le même éditeur, elle publie 3 livres. "Konidja et les Nègres Marrons", récits imaginaires empreints de poésie mettant en lumière l’esclave Konidja, Popiti et sa méchante marraine, les habitants de la rue de la Vie Tourmentée. La pièce de théâtre "Le mariage du Cousin Bebert" et "Au nom du père et du fils et de la fille aussi" qui s’inspire des paradoxes, des ambiguïtés de la Martinique avec des témoignages sur la figure du père martiniquais.
2018, elle propose "Le combat de Léona Bataille" (l’Harmattan). En toile de fond, une grève qui perdure dans une entreprise et la tentative avortée d'un patron qui tente de soudoyer et corrompre Léona Bataille, la déléguée syndicale.
2019, elle écrit "Pour deux francs ou le massacre des ouvriers de la canne du François". Cette pièce pleine d'émotions, relate la pénibilité du travail dans la canne pour un salaire miséreux ainsi que la mobilisation générale pour une augmentation de salaire. Elle a été jouée à guichets fermés dans plusieurs communes.
En 2020, elle publie trois pièces de théâtre chez l’Harmattan : "Adama d’après Antigone de Sophocle", "Trois fous dans la rue parlent" et "Invisible Négritude".
Deux ans après, chez le même éditeur, "Un élève étranger". Irena quitte un mari violent à Sainte-Lucie pour s'installer en Martinique avec ses deux enfants, Bryanna et Dereck. Ce dernier espère trouver du travail pour soulager sa mère, hélas il est victime de rejet et de harcèlement au lycée.
L'auteur explique son amour pour l'écriture théâtrale, car elle publie une pièce sur la grève de 1961.