Choqué par l'expulsion inhumaine des migrants haïtiens, l'envoyé spécial des États-Unis en Haïti, Daniel Foote, donne sa démission

Daniel Foote, envoyé spécial des États-Unis à Port au Prince (à droite) avec Joseph Lambert, président du Sénat haïtien (à gauche) et Michèle Sison, ambassadrice américaine en Haïti (au centre).
Après seulement 2 mois en poste, Daniel Foote envoie une lettre de démission cinglante au secrétaire d’État américain. Foote écrit qu’il ne voulait pas être associé à la décision inhumaine d’expulser les migrants haïtiens des États-Unis. Les images des opérations au Texas l’ont profondément choqué.

Après seulement 60 jours à Port-au-Prince, Daniel Foote, l’envoyé spécial des États-Unis s’est rendu compte de l’échec total de la politique de la Maison-Blanche envers Haïti. Les recommandations qu’il a transmis à sa hiérarchie au département d’État n’ont jamais été prises compte.

Ce sont les images insupportables, qui ont fait le tour du monde, de la violence faite aux immigrés haïtiens sur le sol américain qui ont provoqué sa démission avec effet immédiat.

Je ne serai pas associé à la décision inhumaine et contre-productive des États-Unis d'expulser des milliers de réfugiés haïtiens et d'immigrants illégaux vers Haïti, un pays où les responsables américains sont confinés dans des complexes sécurisés en raison du danger que représentent les gangs armés contrôlant la vie quotidienne.

Daniel Foote, envoyé spécial démissionnaire des États-Unis à Port-au-Prince


Dépêché en Haïti fin juillet 2021, Daniel Foote avait pour mission de travailler avec les acteurs politiques pour trouver une solution à la crise après l’assassinat du président Jovenel Moise. Il était chargé à présenter un calendrier pour la mise en place des élections.

Les États-Unis et d’autres missions diplomatiques à Port-au-Prince ont publié une déclaration de soutien au Premier ministre de facto non élu, le Dr Ariel Henry, en tant que chef par intérim d'Haïti, et ont continué à vanter son "accord politique" au détriment d’un autre accord plus large et antérieur dirigé par la société civile…c e cycle d'interventions politiques internationales en Haïti n’a produit que des conséquences désastreuses.


La politique de la Maison-Blanche d'accélérer, coûte que coûte, les expulsions des migrants haïtiens a été critiquée sur le plan international. Les agents d’immigration, à cheval, qui ont chassé les migrants ont été suspendus de leurs fonctions. 

En Haïti, les organisations non-gouvernementales, en dénonçant ces abus, ont également critiqué le silence, jugé complice, de la part des autorités haïtiennes.

Un diplomate chevronné qui manque de diplomatie


Ce n’est pas la première fois que Daniel Foote quitte précipitamment un poste diplomatique. En 2019, il était encore l’ambassadeur des États-Unis à la République de la Zambie quand il est rappelé à Washington. Le président de la Zambie, Edgar Lungu, a refusé de travailler avec lui.

L’ambassadeur Foote avait publiquement critiqué une peine de prison de 15 ans infligée à un couple homosexuel arrêté en flagrant délit.