L'histoire de la dissidence en Martinique, s'affiche sur les grilles de la préfecture

En haut à gauche : Jeanne Catayée - à droite : Eugène Jean-Baptiste - en Bas à gauche : Alexandre Négouai à droite : Roger Vélasques
Les grilles de la préfecture affichent une exposition d'histoire dédiée à la dissidence et à la résistance en Martinique, entre 1940 et 1945. Cette valorisation des derniers dissidents est signée du photographe Sylvain Demange et de l’historienne enseignante Sylvie Meslien.

Depuis le 28 juin 2021, les grilles préfectorales proposent de grands panneaux comportant des rappels historiques et des portraits de dissidents.

Cette réalisation signée du photographe Sylvain Demange et de Sylvie Meslien, historienne, est visible sur la façade des rues Victor Sévère et Gouverneur général Félix Eboué.

Une histoire qui mérite d’être valorisée

 La dissidence est une page forte de l'histoire de la Martinique. En juin 1940, le Maréchal Philippe Pétain choisit de pactiser en collaborant avec l'ennemi. Aux Antilles, le même phénomène s'applique. L’amiral Robert en Martinique et le gouverneur Constant Sorin en Guadeloupe font acte d’allégeance.

Des citoyens réagissent et décident de rejoindre la résistance au sein des Forces Françaises Libres à l’appel du général de Gaulle, lancé le 18 juin 1940 sur les ondes de la BBC afin de combattre l’occupant.

Des Martiniquais, s’embarquent sur des frêles embarcations appelées "gommiers" pour rejoindre  les colonies britanniques de Sainte-Lucie ou de la Dominique.

Les dissidents sont des jeunes, volontaires qui au péril de leur vie se sont mobilisés pour défendre la France contre le nazisme.

Leur bravoure les conduisait dans l’armée américaine qui leur prodiguait à Fort Dix, dans le New Jersey, une formation militaire de base.

"L’hivernage 39-45", une chanson du groupe dominiquais Exile one, composée par son chef de file Gordon Henderson, magnifie cet acte héroïque. 

Les derniers dépositaires photographiés par Sylvain Demange

 La dissidence est un phénomène significatif, un refus du joug allemand et un refus à la soumission au régime de Vichy. 7 anciens dissidents sont à l'honneur. 3 d'entre eux ont tiré leurs révérences.

4 héros sont vivants : Roger Velasques, le panneau raconte comment à 16 ans, il s’engage et arrive à Fort dix, jusqu’à sa démobilisation le 31 janvier 1946. Eugène Jean Baptiste, comment à 20 ans, il est parti en dissidence pour la Dominique et  son parcours jusqu’à sa libération des obligations militaires, le 11 janvier 1946.

Les deux autres personnes vivantes sont Alexandre Negouai, qui a rallié les forces françaises libres le 2 février 2021 à la Dominique, on apprend qu'il a fait partie de la première division motorisée et Jeanne Catayee, née à Sinnamary  (sœur du député Catayee) qui se fait enrôler au camp de Balata au BMA5.

Engagement républicain pas toujours compris

 Au lendemain de la guerre, Paul Giacobi, l’un des ministres des colonies du gouvernement, ordonne au Conseil national de la résistance de rayer des cadres les jeunes antillo-guyanais.

Une histoire qui se doit d’être connue de tous

L’extraordinaire parcours de ces combattants, doit plus que jamais être porté à la connaissance de tous. L’accès aux souvenirs participe à la sauvegarde mémorielle et à la cohésion sociétale. 

Les autorités ont eu peur du spectre de l’indépendance et ont minoré ce geste républicain. Cette exposition au grand jour, à Fort-de-France est une avancée, une grande avancée de reconnaissance. 

La grand-mère Ginette à son arrière petit-fils de 16 ans

La  dissidence est une partie intégrante non seulement de l’histoire martiniquaise, mais aussi de l’histoire de la résistance nationale française. Cette démarche sied au réalisateur de l’exposition Sylvain Demange qui compte l'emmener sur le territoire national.